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"C'est là qu'il aurait fallu intervenir": un CRS raconte la manifestation du 1er mai

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Jessy, CRS et délégué de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), regrette le temps de latence entre les violences du 1er mai et l’intervention des forces de l’ordre. Il raconte sur notre antenne comment les événements se sont produits.

Il faisait partie des forces de l’ordre présentes lors de la manifestation du 1er mai à Paris. Jessy, CRS délégué UNSA, estime que certaines dispositions auraient pu être prises en amont de ce défilé annuel, marqué ce mardi par des violences et des dégradations.

On estime à environ 1200 le nombre de black blocs soupçonnés d’avoir perturbé le cortège, en saccageant des commerces et en s’opposant aux forces de l’ordre. La journée s’est soldée par 109 gardes à vue, dont 43 ont été renouvelées le lendemain. Le bilan est de quatre blessés légers. Depuis, le temps de latence entre le début des violences et l’intervention de la police a été montré du doigt.

"On ne bougeait pas"

"Les ordres d’intervenir sont arrivés trois quarts d’heure après", explique Jessy. "On ne bouge que sur ordre. Tant qu’on n’a pas d’instructions, on reste en barrage. Des gens venaient nous voir en nous disant 'Ils sont en train de tout casser là-bas, ils mettent le feu à un McDonald’s'… Mais voilà, on ne bougeait pas."

Jessy raconte sa frustration et celle de ses collègues: "On sait qu’à 200 mètres de nous ça commence à casser, ça commence à lancer des projectiles, envers nos collègues qui sont peut-être en face, et nous on attend, on est dans l’immobilisme. Et c’est ce que je trouve regrettable et honteux."

"Éviter les dommages collatéraux"

Ce délai d’intervention a été expliqué par les forces de l’ordre et par l’exécutif. "On ne pouvait pas intervenir sans craindre de faire des dégâts collatéraux", s'est justifié le préfet de police Michel Delpuech le jour-même. "Une charge commandée à 16 heures (…) aurait immanquablement pris en étau des gens qui n’avaient rien à faire dans ce conflit", a confirmé Édouard Philippe mercredi soir sur BFMTV. Jessy, lui, voit une opportunité ratée:

"C’est là qu’il aurait fallu intervenir. Du fait qu’ils avançaient sur le boulevard de l’Hôpital, nous, étant sur un perpendiculaire avec une autre compagnie, on aurait pu venir scinder gentiment la manifestation", assure-t-il. "Se glisser entre les black blocs et les manifestants lambda, de façon bien évidemment à éviter les dommages collatéraux."

"On savait que des risques allaient intervenir"

Et de regretter que des moyens supplémentaires n’aient pas été mobilisés, au vu du contexte social:

"Peut-être qu’il aurait fallu mettre un petit peu plus de compagnies, surtout vu le contexte actuel des différents mouvements sociaux (…) Je pense que sur un défilé comme ça, où on savait que des risques allaient intervenir, il aurait fallu encager cette manifestation. C’est-à-dire disposer des unités sur les cotés droits et gauche du cortège."

B.P.