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Police-Justice

Braqueur tué par un bijoutier: la justice cherche à savoir s'il y a "légitime défense"

La bijouterie braquée était toujours sous scellés vendredi.

La bijouterie braquée était toujours sous scellés vendredi. - -

L'agresseur était un braqueur récidiviste âgé de 36 ans, condamné notamment deux fois pour vol avec arme.

Légitime défense ou pas? C'est ce que la justice cherche à déterminer. La garde à vue du bijoutier de Sézanne dans la Marne, qui avait tué la veille un braqueur récidiviste, a été prolongée vendredi de 24 heures. L'homme âgé 54 ans qui avait été placé en garde à vue à Sézanne après le drame a été transféré dans la soirée de vendredi à la section de recherche de la gendarmerie de Reims où il devait passer la nuit avant son défèrement au parquet samedi.

Le procureur de Châlons-en-Champagne, Christian de Rocquigny, s'est dessaisi du dossier au profit du pôle de l'instruction de Reims, qui devrait ouvrir samedi matin une information judiciaire.

Corps à corps

"Je doute que le commerçant soit incarcéré", avait estimé lors d'un point presse le magistrat, même si l'enquête doit encore déterminer si le bijoutier a agi en "état de légitime défense". "Pour qu'il y ait légitime défense il faut que l'attaque soit injustifiée, que la riposte soit simultanée et proportionnée", avait rappelé le procureur.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le malfaiteur est entré jeudi vers 16 heures 30 dans la bijouterie, le "visage découvert" mais portant "des gants et un bonnet" et tenant à la main un sac en plastique qui contenait son arme sans munitions, de type gomme cogne.

D'abord à l'étage, le joaillier est descendu, une arme dissimulée dans son dos, son épouse et lui se méfiant du comportement "un peu bizarre" de ce client qui demandait à voir plusieurs bijoux. Le malfaiteur a alors "sorti une arme, l'a pointée au niveau du visage du commerçant, le poussant au fond du commerce", le bijoutier qui avait une autorisation préfectorale pour détenir un pistolet automatique, avait tiré alors que le braqueur tentait de se saisir de son arme, lors d'un corps à corps.

Cinquième attaque

Le braqueur a ensuite "essayé de prendre la fuite, mais il est tombé" en sang devant le commerce. Avant de succomber à ses blessures"

"Un ou deux complices", qui attendaient à l'extérieur, ont pris la fuite et étaient recherchés par les gendarmes de la section de recherches de Reims, qui ont lancé un appel à témoins (03 26 68 64 32).

L'agresseur, un braqueur récidiviste âgé de 36 ans condamné notamment deux fois pour vol avec arme par la cour d'assises des mineurs des Yvelines et la cour d'assises du Val-de-Marne, souffrait de troubles du comportement et alternait les séjours en prison avec ceux en établissements psychiatriques, selon son avocat, Me Gérard Zbili.

En milieu de journée vendredi près de 200 personnes avaient manifesté leur appui au commerçant devant sa boutique et lors d'une marche dans le centre ville. Entendue comme témoin par les enquêteurs, l'épouse du joaillier a déclaré que cette attaque était la cinquième. Le procureur a confirmé un braquage en août 2012 dans le commerce. L'affaire de Sézanne, après celle survenue en septembre à Nice, soulève à nouveau la question du recours à l'autodéfense et de sa légitimité au regard de la loi.

A.D. avec AFP