Blanchiment de fraude fiscale: Patrick et Isabelle Balkany condamnés à 5 et 4 ans de prison ferme
Patrick Balkany a refusé son extraction de sa cellule de la prison de la Santé. En son absence, mais devant une salle comble ce vendredi après-midi, le président du tribunal correctionnel a lu son jugement dans le volet sur le "blanchiment de fraude fiscale" et la "corruption". L'ancien maire de Levallois-Perret a été condamné à cinq ans de prison et 10 ans d'inéligibilité. Il a en revanche été relaxé des faits de corruption "au vu des éléments du dossier", tout comme les trois autres prévenus qui étaient poursuivis pour ces faits.
Son épouse Isabelle Balkany a écopé de quatre ans de prison ferme, en raison de son état de santé. Une peine d'inéligibilité de 10 ans a aussi été prononcée. Le tribunal, qui n'a pas réclamé de mandat de dépôt à son encontre, mais a alourdi les réquisitions du parquet national financier qui avait réclamé quatre ans avec sursis. Dès les premières minutes de lecture du jugement, le président du tribunal a indiqué que Patrick et Isabelle Balkany, ainsi que leur fils Alexandre, étaient "coupables" de blanchiment de fraude fiscale aggravé. A l'écoute des cette déclaration, Isabelle Balkany a vacillé et a dû s'asseoir pour écouter la suite du jugement. Son fils a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.
Patrick Balkany absent
Ce vendredi matin, Patrick Balkany a signé son refus d'extraction, un document reçu par le greffe du tribunal, alors qu'il est incarcéré depuis un mois à la prison de la Santé après avoir été condamné à quatre ans de prison pour fraude fiscale. L'ancien élu, représenté par son avocat Antoine Vey, s'est ainsi évité de se présenter menotté et entouré de policiers dans le box des accusés de cette 23e chambre du tribunal correctionnel alors qu'un nombreux public, auquel on a rappelé qu'il ne s'agissait pas "d'un spectacle", est venu assister à cette audience. La plus grande salle du tribunal a même été réquisitionnée.
Patrick Balkany n'a donc pas entendu les lourdes charges pour lesquelles le tribunal correctionnel de Paris l'a condamné. C'est depuis sa cellule dans laquelle il dispose d'une télévision qu'il a appris sa condamnation. Ce second jugement s'annonçait encore plus risqué pour Patrick Balkany, qui n'a eu de cesse de se poser en "fraudeur passif", simple héritier des lingots paternels. Dans ce volet, il s'agissait pour la justice de juger un système mis en place par le couple. Le couple est soupçonné d'avoir caché 13 millions d'euros d'avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse aux Antilles et Dar Guycy à Marrakech. L'ensemble de ces biens a été confisqué.
Relaxé sur le volet "corruption"
On reprochait également à Patrick Balkany d'avoir reçu des pots-de-vin en 2008 de la part d'un homme d'affaires saoudien Mohamed Al-Jaber en échange de l'attribution d'un marché pour la construction de deux tours à Levallois-Perret. Cet homme aurait versé sur un compte suisse un peu plus de cinq millions d'euros, argent qui a servi à acheter une propriété à Marrakech. Construction qui n'a jamais eu lieu. Mohamed Al-Jaber était lui-aussi poursuivi. Outre Mohamed Al-Jaber, l'avocat Arnaud Claude, présenté comme "le pilote de l'opération" marocaine, et Jean-Pierre Aubry ont été relaxés des faits de "corruption active et passive".
La justice a en effet estimé qu'il n'y avait pas de "pacte de corruption" entre Patrick Balkany et Mohamed Al-Jaber. "Le parquet national financier n’a pas rapporté la preuve dans ses réquisitions écrites et orales du caractère fondamentalement extra contractuel et étranger à l’intérêt public de ces contrats avec Mohamed Al-Jaber", a précisé le président du tribunal. En clair, ce qui manquait dans ce dossier c'était une contre-partie évidente, c'est-à-dire dans quelle mesure l'homme d'affaires aurait eu un intérêt à verser des millions d'euros à Patrick Balkany alors qu'il n'était pas le seul à décider de l'attribution du marché.
Cette relaxe est une victoire pour Patrick Balkany qui a toujours scandé "avoir horreur de la corruption". "Il n’y a pas un centime de l’argent public, c’est uniquement notre patrimoine familial et il n’est pas question ici de corruption ", a rappelé Isabelle Balkany à la sortie de l'audience, tandis que le président du tribunal a estimé que les faits reprochés au couple ont "gravement porté atteinte à l’ordre public économique et à la solidarité nationale" et "ont aggravé la déchirure du pacte républicain même si aucun argent public n’a été détourné".