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Bertrand Cantat: pourquoi le parquet rouvre une enquête sur le suicide de son ex-femme

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Le parquet de Bordeaux a annoncé ce jeudi l'ouverture d'une enquête préliminaire contre Bertrand Cantat sur le suicide de son ex-femme. Cela fait notamment suite à la diffusion sur Netflix d'un documentaire consacré au chanteur de Noir Désir.

Le parquet de Bordeaux se penche de nouveau sur l'enquête contre Bertrant Cantat sur le suicide de son ex-femme, Kristina Rady. Ce jeudi 24 juillet, le procureur de la République de Bordeaux a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire contre le chanteur de Noir Désir pour "violences volontaires par conjoint", après le suicide de son ex-femme en janvier 2010. La jeune femme s'était pendue chez elle. Son corps avait été découvert par l'un de ses enfants, alors que Bertrand Cantat dormait plus bas, dans le logement.

Le suicide de Kristina Rady a donné lieu à quatre enquêtes, en 2010, 2013, 2014 et 2018. Elles ont été classées sans suite. Mais le documentaire Le cas Cantat diffusé sur Netflix en mars dernier est venu apporter un nouvel éclairage sur cette affaire.

"Son visionnage m'a conduit à ressortir le dossier", indique le procureur de Bordeaux, dans ce communiqué.

"Après examen, ayant constaté que le reportage diffusé sur Netflix contenait plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas dans les (précédents) dossiers, j'ai pris la décision de rouvrir ce dossier de violences volontaires au début de mois", précise-t-il.

Bertrant Cantat a eu deux enfants avec Kristina Rady

Dans cette affaire, Bertrand Cantat est soupçonné d'avoir exercé des violences physiques et psychologiques sur Kristina Rady qui l'auraient conduite à mettre fin à ses jours, en 2010. Cette dernière a rencontré le chanteur en 1993 lors du festival Sziget, à Budapest en Hongrie. Ils se sont mariés puis ont eu deux enfants: Milo, né en 1997, et Alice, née en 2002.

Peu après la naissance de sa fille, l'artiste a quitté Kristina Rady pour se mettre en couple avec Marie Tringinant et s'installer avec elle. Le 27 juillet 2003, Marie Trintignant meurt sous les coups de Bertrand Cantat alors qu'il se trouve à Vilnius, en Lituanie.

Condamné à huit ans de prison dans ce pays, Bertrand Cantat sort finalement en 2007. À sa sortie de prison, il reprend de manière épisodique sa vie commune avec Kristina Rady qui a, en parallèle, des relations amoureuses avec deux autres hommes. Elle finit par se donner la mort le 10 janvier 2010.

"On ose à peine respirer"

Bertrand Cantat est soupçonné d'avoir exercé des violences physiques et psychologiques sur elle, ce qui l'aurait conduite à mettre fin à ses jours, en 2010. Quelques mois avant de commettre l'irréparable, la jeune femme avait laissé un message vocal de 7 minutes et 33 secondes sur le répondeur de ses parents. Dans ce message, elle dénonce les violences subies par le chanteur de Noir Désir.

"Il aurait semblé que quelque chose de très bon arrive mais en l'espace de quelques secondes, Bertrand l'a empêché et l'a transformé en vrai cauchemar qu'il appelle amour", disait-elle notamment.

Avec Bertrand, "on ose à peine respirer", disait-elle aussi. Le jour de son suicide, Kristina Rady a aussi laissé une lettre dans laquelle elle déplore l'attitude de Bertrand Cantat. Selon nos informations, dans cette lettre, elle règle ses comptes avec beaucoup de monde et fait mention de son grand état dépressif.

"Une scène d'une rare violence"

Dans le troisième épisode de la série Netflix, un homme témoigne de façon anonyme. Il est présenté comme "intérimaire dans un service d'urgence en région bordelaise". Selon nos informations, il s'agit d'un infirmier qui affirme avoir lu "rapidement" un dossier médical au nom de Kristina Rady.

"Dans ce dossier, il était mentionné que Kristina Rady était passée aux urgences faire constater des traces de blessures suite à une altercation avec son compagnon. Voilà, une violente dispute", raconte-t-il.

"Le médecin a transcrit que Kristina Rady avait un décollement du cuir chevelu, des bleus et des hématomes. Le fait qu'il soit mentionné un décollement du cuir chevelu signifie très probablement que Kristina Rady a été attrapée par les cheveux ou traînée par les cheveux", détaille-t-il sur Netflix, "imaginant une scène d'une rare violence".

"Elle mentionnait que ce n'était pas la première fois. Dans ses observations, le médecin mentionnait qu'elle pleurait beaucoup mais qu'elle ne voulait pas porter plainte pour protéger ses deux enfants. Je me rappelle que ces faits ont eu lieu après Vilnius, quand Bertrand Cantat est retourné s'installer dans leur domicile familial", se souvient cet homme.

On peut donc imaginer que les enquêteurs vont tenter, notamment, d'auditionner cet infirmier et, surtout, tenter de retrouver ce dossier médical pour tenter de déterminer si Bertrand Cantat peut-être mis en cause pour des faits de violence.

À ce sujet, Anne-Sophie Jahn, la co-réalisatrice du documentaire Netflix, a indiqué ce jeudi sur BFMTV ne pas encore avoir été contactée par les enquêteurs, et qu'elle collaborerait dans le strict respect du secret des sources.

La justice va devoir s'interroger à la question de la prescription, la mort de Kristina Rady remontant à 2010 et les faits de violence, encore auparavant. En matière délictuelle, la prescription est de six ans. Reste à savoir si des faits nouveaux, découverts récemment, permettent d'interrompre la prescription. Pour l'instant, le procureur de la République de Bordeaux ne s'est pas exprimé sur ce sujet.

Vincent Vantighem, avec Matthieu Heyman