Attaque antisémite: l'enseignant n'a "pas de haine" envers son agresseur

"J'essaie doucement de me relever." Benjamin Amsellem a choisi de réserver ses premiers mots accordés à une télévision à BFMTV. Victime lundi d'une attaque à la machette par un adolescent pro-jihadiste à Marseille, ce professeur est revenu jeudi sur son agression et ses conséquences:
"J'ai vu la haine dans ses yeux, le vide et l'envie de tuer, explique-t-il encore choqué. C'est effrayant et traumatisant, mais envers lui je n'ai pas spécialement de haine, de colère ou d'envie de vengeance. Même moi je me surprends, mais je n'ai pas de sentiments comme ça."
Cet enseignant n'arrive pas à comprendre comment on peut avoir de telles envies à cet âge-là, alors que son agresseur est âgé de 15 ans.
Il ne sort plus dans la rue en kippa
Interviewé dans le bureau de son avocat à Marseille, une kippa vissée sur le crâne, il explique préférer sortir dans la rue coiffé d'une casquette depuis lundi, pour "se sentir en sécurité" étant donné le "traumatisme" qu'il vit.
"En France, on doit être libre de porter un signe religieux sans avoir peur", espère-t-il.
Alors que la question du port de la kippa divise la communauté juive et la classe politique depuis lundi, il explique que c'est un "choix personnel" et précise ne pas vouloir se "prononcer au nom de la communauté". "Il y a des gens plus haut placés que moi qui sont plus aptes à le faire", selon lui.
A la suite de cette agression à la machette commise par un jeune Turc, mis en examen mercredi notamment pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, le président du consistoire local a conseillé aux juifs de Marseille de ne plus porter la kippa dans la rue, suscitant un vif débat. "Le problème ce n'est pas la kippa, mais la dangerosité et la haine de ces gens-là", ajoute-t-il.
"J'ai grandi en France et n'ai pas l'intention de partir"
S'il explique qu'il n'a "jamais été très facile" de porter la kippa en France, il se sent néanmoins "de moins en moins en sécurité".
Alors que de plus en plus de Juifs font le choix d'émigrer en Israël il martèle: "j'ai grandi en France et n'ai pas l'intention de partir". Il estime d'ailleurs qu'il n'est "pas sûr d'être plus en sécurité ailleurs qu'ici".