Assassinat de Shaïna: son ex-petit ami condamné à 18 ans de prison

Une photo de Shaïna - Famille
L'ex-petit ami de Shaïna a été reconnu coupable de l'assassinat de l'adolescente le 25 octobre 2019 et condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des mineurs de l'Oise.
"Pourquoi? Pourquoi?", a réagi l'accusé, teint blême, barbe naissante et yeux sombres, à l'énoncé du verdict, dans la nuit de vendredi à samedi, après 4 heures de délibéré. Puis, invectivant les jurés: "Vous avez tort! Je suis innocent!"
"18 ans! C'est ça la justice en France!", a de son côté lancé le frère de Shaïna, Yasin, en larmes. A l'issue d'échanges tendus avec l'accusé, il a fait un malaise, entraînant une suspension d'audience. Il a été conduit à l'hôpital.
"La justice se fout des violences faites aux femmes"
La cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé la levée de l'excuse de minorité de l'accusé, lui permettant de réclamer une peine de trente ans de réclusion criminelle.
"La justice se fout des violences faites aux femmes", a estimé Me Negar Haeri, avocate de la famille. Entre détention provisoire et remises de peine, l'accusé "sort dans huit ans", a-t-elle estimé.
L'avocat général Loïc Abrial avait demandé la levée de l'excuse de minorité de l'accusé, âgé de 17 ans au moment des faits, permettant de porter la peine maximum de 20 à 30 ans. Mais celle-ci n'a pas été retenue par la cour.
L'accusé a toujours plaidé son innocence
Par les voix d'Élise Arfi et Adel Fares, la défense avait plaidé l'acquittement. Face à ce verdict, l'accusé "a explosé. Il a été très choqué. Ce que l'on peut comprendre pour un jeune homme de 20 ans" a commenté Me Élise Arfi, jugeant qu'il était "trop tôt" pour se prononcer sur un éventuel appel.
Tout au long du procès à huis clos, ouvert lundi, le jeune homme, un lycéen sans casier judiciaire au moment des faits, a crié son innocence.
Selon les parties civiles, l'expert psychiatre a pointé jeudi le manque d'empathie et le narcissisme du jeune homme, un portrait récusé par la défense.
Morte à 15 ans, elle se disait enceinte de l'accusé
Shaïna, morte à 15 ans, avait été victime deux ans plus tôt dans sa cité d'agressions sexuelles, dont les images avaient été diffusées en ligne, l'exposant selon Me Negar Haeri, l'avocate de sa famille, à être traitée "comme une chose".
Quatre autres jeunes hommes ont été condamnés le 1er juin en appel pour ces faits à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.
Selon l'enquête, Shaïna, décrite par sa mère comme "rigolote et souriante", entamait probablement une grossesse, qu'elle attribuait à l'accusé.
Ce dernier a pu être mu, selon les parties civiles, par la crainte de perdre l'amour de ses parents s'il rompait avec leurs exigences de perfection, sur fond d'interdit religieux autour de la sexualité. "Il était prêt à tout détruire pour sauver son image", a tranché l'avocat général, Me Adel Fares balayant au contraire tout lien entre sa foi et l'affaire.