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Police-Justice

Assassinat de Samuel Paty: "Cicatrice Sucrée" mise en examen pour "complicité d’assassinat"

Lors de la cérémonie en hommage à Samuel Paty, le 16 octobre 2021, à Eragny-sur-Oise, où vivait l'enseignant assassiné

Lors de la cérémonie en hommage à Samuel Paty, le 16 octobre 2021, à Eragny-sur-Oise, où vivait l'enseignant assassiné - Alain JOCARD © 2019 AFP

Soupçonnée d’avoir "renforcé la détermination d’Abdoullakh Anzorov", avant que celui-ci n’assassine le professeur Samuel Paty en octobre 2020, Priscilla M. a été mise en examen.

Priscilla M., "Cicatrice Sucrée" de son pseudo Twitter a été mise en examen, le 29 décembre 2021, pour "complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste", a appris BFM TV, ce dimanche auprès de sources concordantes, confirmant une information du Parisien.

Aujourd’hui âgée de 33 ans, cette mère de famille radicalisée qui vit dans le Gard était jusqu’à présent mise en examen pour "association de malfaiteurs terroristes". Mais, le 29 décembre, l’un des juges chargés d’instruire ce dossier a réévalué, à la hausse, les charges pesant contre elle, estimant qu’elle a fourni au terroriste "d’abord les informations puis la motivation qui l’ont conduit à assassiner Samuel Paty". Si la jeune femme était renvoyée pour ce chef devant une cour d’assises spécialement composée, elle risquerait désormais la réclusion criminelle à perpétuité.

Des échanges avec le terroriste quelques jours avant l'assassinat

Le magistrat en a acquis la conviction après avoir étudié les très nombreux comptes dont disposait Priscilla M. sur les réseaux sociaux, avant les faits. Et notamment un compte Twitter baptisée “Cicatrice sucrée”. C’est à partir de ce compte que Priscilla M. a échangé avec le terroriste trois jours avant son passage à l’acte et deux jours avant qu’il n’achète le couteau avec lequel il finira par décapiter Samuel Paty.

A l’époque, Priscilla M. avait relayé sur les réseaux sociaux la vidéo du père d’une élève de Samuel Paty s’indignant du fait que sa fille avait été stigmatisée en raison de sa foi musulmane, alors que l’enseignant évoquait la liberté d’expression à travers les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo.

Conversant sur le réseau à l’oiseau bleu, Priscilla M. écrit alors en message privé à Abdullakh Anzorov : “Comme j’aime à le dire, des guerres pendant des centaines d’années n’ont pas réussi à éteindre une foi pas plus que l’oppression ou la colonisation. Alors oui, c’est peine perdue. Un groupe de gens seront toujours sur la croyance authentique et c’est bien pour ça qu’ils ragent et œuvrent sans relâche car ils le savent très bien au fond d’eux.”* Son interlocuteur lui répond alors : “Al hamdullilah (Littéralement : Louange à Allah), qu’ils nous combattent ! Sinon, je me serais inquiété... “*

Supression du compte Twitter

Le juge d’instruction voit dans cet échange un indice que la jeune femme a encouragé le terroriste trois jours avant que celui-ci ne passe à l’acte. Même si, lors de cette audition selon les informations recueillies par BFMTV, Priscilla M. s’en est défendue.

"Je ne peux pas vous laisser dire ça, répond-elle alors en effet au magistrat. A aucun moment, je n’ai cherché à motiver cet acte-là. C’est un acte qui n’est même pas cautionné par l’islam. Comment j’aurais pu cautionner ça. Lui, il a utilisé tout cela pour faire une chose qu’il avait déjà dans sa tête. Moi, je n’ai rien motivé du tout." Dès qu'elle a découvert qu'Anzorov avait tué Samuel Paty, la jeune femme avait supprimé son compte Twitter.

Et les investigations réalisées dans ce tentaculaire dossier (15 personnes mises en examen) ont permis de déterminer que la jeune femme était radicalisée depuis de longues années. Mariée à deux reprises à des hommes impliqués dans des affaires de terrorisme, elle a expliqué au juge qu’elle n’avait pas assisté à ses propres mariages, les unions ayant été scellées par téléphone sans qu’elle ne fréquente véritablement ses futurs maris. Au surplus, elle a admis avoir reçu plusieurs virements de personnes soupçonnées d’être des soutiens de l’État islamique mais aussi de la sœur de Foued Mohamed-Aggad, l’un des terroristes du Bataclan.

*Pour faciliter la lecture, la ponctuation et l’orthographe de ce message ont été modifiées.

Vincent Vantighem