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Police-Justice

Après la condamnation de l'État, le père d'Estelle Mouzin dénonce le "refus de concourir à la manifestation de la vérité"

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Près de 22 ans après la disparition d'Estelle Mouzin, l'État a été condamné pour faute lourde et "dysfonctionnements" dans l'enquête qui a finalement mené à Michel Fourniret. Le père de la victime déplore toujours "l'absence de moyens de la justice".

Son combat finalement récompensé. Durant des années, Éric Mouzin avait pointé du doigt les manquements de l'enquête liée à la disparition de sa fille Estelle Mouzin. L'État a finalement été condamné pour fautes lourdes en raison de "dysfonctionnements".

Une décision qu'il salue ce dimanche 7 juillet sur le plateau de BFMTV. "Ma première réaction ça a été la satisfaction car nous demandions la condamnation." Éric Mouzin déplore le fait d'avoir été "ballotté au gré des vicissitudes de l'enquête" depuis "plus de 20 ans".

Une condamnation qui doit servir d'exemple

Selon ce dernier, cette condamnation doit servir d'exemple pour amorcer un changement dans le dispositif judiciaire français. Il a notamment déploré "l'absence de moyens de la justice" et le manque de communication entre les différents services. Un enchaînement qui a fini par aboutir à "un défaut de pilotage de l'instruction".

Dans sa décision, le tribunal judiciaire a estimé que "le manque de moyens humains et les dysfonctionnements" dans les investigations pour retrouver la fillette "constituent une faute lourde et engagent à ce titre la responsabilité de l'État". L'État est ainsi condamné à payer 50.000 euros à Éric Mouzin, au titre de son préjudice moral.

Pour Éric Mouzin, le spectre de Michel Fourniret apparaît très tôt dans l'enquête. "(Il) entre dans nos vies en juin 2003. À un repas d'anniversaire, j'ai reçu un coup de téléphone m'indiquant qu'un individu avait été enlevé en Belgique, ça paraît tellement lointain".

La piste Fourniret au coeur du débat

Au début de l'enquête, la piste Michel Fourniret est un temps suivie avant d'être abandonnée. Ce n'est qu'en 2020 que la juge Sabine Khéris réussit à faire reconnaître à ce tueur en série son rôle dans la mort de la fillette. Éric Mouzin dit, de son côté, avoir considéré le cas Fourniret comme "une piste qui doit être analysée".

"Le fait de refuser de se remettre en question, ce n'est pas que le tunnel de pensée, c'est un refus de concourir à la manifestation de la vérité."

Condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, Michel Fourniret est mort en 2021, à 79 ans. Il n'a jamais été jugé pour la disparition d'Estelle Mouzin, dont le corps n'a pas été retrouvé.

Arthus Vaillant