Après Bétharram, des violences et abus sexuels dénoncés au sein d'autres institutions privées

Une statue de la Vierge Marie devant un établissement catholique à Lestelle-Betharram, le 6 mars 2024 dans les Pyrénées-Atlantiques. - GAIZKA IROZ / AFP
Elle est depuis plusieurs semaines sur le devant de la scène médiatique et politique. L’affaire Bétharram, qui tire son nom d’un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques où d’anciens élèves affirment avoir été violés, agressés sexuellement et violentés pendant leur scolarité, libère la parole.
"Il y a d’autres Bétharram", prévenait la semaine dernière Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de l’institution Notre-Dame de Bétharram. Depuis cette prise de parole, et l'ouverture d'une information judiciaire, d’anciens élèves d’établissements privés se regroupent en collectifs de victimes pour dénoncer des violences, voire des viols au sein d'institutions privées.
• Des viols et des violences dénoncés à Dax
D’anciens élèves du collège privé "Cendrillon" de Dax, dans les Landes, ont dénoncé des violences, des viols, des agressions sexuelles sur les réseaux sociaux. Selon nos confrères d’Ici Gascogne, deux plaintes ont été déposées en 2020 contre l’établissement scolaire, aujourd’hui baptisé "Cité scolaire Saint-Jacques de Compostelle". Elles ont été classées sans suite par la justice en raison de la prescription des faits.
Un ancien étudiant, scolarisé entre 1960 et 1965 au sein de l’institution privée et aujourd'hui âgé de 75 ans, dénonce des agressions sexuelles.
"Pour moi, Cendrillon, c’est une horreur. Un enfermement, un lieu aux sévices corporels, de belles baffes et des tympans crevés", affirme-t-il. Des violences semblables à celles dénoncées par les anciens élèves de Bétharram.
Le frère du septuagénaire, aussi scolarisé à "Cendrillon", affirme de son côté avoir subi des viols. "Ils vous faisaient monter dans leur chambre pour soi-disant se confesser. Et là, ils vous faisaient mettre à genoux, la soutane était ouverte. Ils vous pressaient le sexe."
• Des violences répétées et un tympan percé à Notre-Dame de Garaison
Philippe, un ancien élève de l'école catholique Notre-Dame de Garaison, dans les Hautes-Pyrénées, a récemment créé un "Collectif victimes Notre-Dame de Garaison" sur Facebook pour recueillir les témoignages d'anciens camarades.
Auprès de France info, Philippe indique avoir son tympan gauche crevé depuis la baffe qu'il dit avoir reçue d'un ancien surveillant en chef de l'institution, il y a une quarantaine d'années, en octobre 1987. Il était alors interne au sein de l'établissement scolaire.
Une ancienne élève rapporte auprès de la cellule investigation de Radio France avoir été violemment agressée par le même surveillant chef.
"Je suis arrivée devant le bureau. Quand il a ouvert la porte. Il m’a aussitôt frappée. Coups de pied. Coups de poing. Il m'a attrapé la tête et m’a tapée de droite à gauche contre les murs. Ça a duré assez longtemps. Après, je ne me rappelle plus trop ce qui s'est passé. Je n'ai pas de souvenir. J'ai un trou noir", explique-t-elle.
Sollicité par nos confrères, le parquet de Pau dit ne pas avoir enregistré de plaintes pour violences physiques ou sexuelles dans cet établissement.
• Des "actes sadiques" dénoncés à Ustaritz
La parole s'est aussi libérée à Ustaritz. Dans cette petite ville des Pyrénées-Atlantiques, Gilles a créé le collectif "Anciens du collège Saint-François-Xavier d'Ustaritz". Selon Sud-Ouest, une vingtaine de membres s'est rassemblée ce mardi 25 février. Gilles dit avoir subi des "actes sadiques" au sein de l'établissement scolaire dans les années 1970.
"Des brimades, des humiliations, des coups pour rien", affirme l'ancien élève auprès de Sud-Ouest. Il décrit un établissement aux lits humides et froids et au repas peu copieux "pour laisser les élèves la faim et la peur dans le ventre".
Un autre ancien élève affirme à nos confrères avoir écrit au procureur de la République de Pau pour déposer plainte pour "viol, maltraitances et coups" qu'il dit avoir subi au sein de l'établissement. Un collège qu'il a quitté pour Notre-Dame de Bétharram au cours de sa scolarité.