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Police-Justice

Allinges: jugement attendu dans l'affaire de la collision mortelle

Reconstitution de la collision d'Allinges, qui a provoqué la mort de sept collégiens en 2008.

Reconstitution de la collision d'Allinges, qui a provoqué la mort de sept collégiens en 2008. - -

Cinq ans après la collision d'Allinges qui avait provoqué la mort de sept collégiens en 2008, le tribunal de Thonon-les-Bains doit se prononcer mercredi sur la culpabilité du chauffeur du car, mais surtout sur celles de la SNCF et de RFF.

Le procès de la collision d'Allinges doit connaître sa conclusion ce mercredi. Il y a cinq ans, sept collégiens âgés de 11 à 13 ans avaient péri dans la collision du car scolaire d'Allinges et du TER Evian-les-Bains-Genève. Le tribunal de Thonon-les-Bains doit se prononcer sur la culpabilité du chauffeur du car, mais surtout sur celles de la SNCF et de RFF. Les deux sociétés estiment n'avoir rien à se reprocher quant à la sécurité de ce passage à niveau controversé.

Le jugement du tribunal correctionnel est attendu à 13h30. La culpabilité éventuelle du chauffeur de car, Jean-Jacques Prost, n'a guère fait débat lors du procès qui s'est tenu du 3 au 12 avril.

Rongé par le remords

Accusé d'avoir commis une série d'imprudences et au moins une infraction au code de la route, Jean-Jacques Prost a lui-même reconnu avoir commis une "faute". Rongé par le remords, il s'était écroulé sur la barre en pleurs, en lançant n'avoir qu'une "envie": "partir" avec les collégiens morts.

Son témoignage avait suscité la compassion des victimes et de leurs familles, qui avaient appelé le tribunal à la clémence à l'encontre de ce chauffeur apprécié des enfants, qui n'avait jamais eu d'accident, ni même perdu le moindre point sur son permis avant ce 2 juin 2008.

Une peine de 3 ans de prison, dont 18 mois ferme, avait été requise à son encontre par le parquet.

Poursuivies pour avoir sous-estimé la dangerosité du passage à niveau

L'essentiel des débats avait cependant tourné autour des responsabilités éventuelles de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF) dans l'accident. Elles étaient poursuivies pour avoir sous-estimé la dangerosité du passage à niveau d'Allinges, situé sur un dos d'âne, dans un virage en épingle à cheveu, sur une route en pente forte et à proximité d'un carrefour.

Mais les deux sociétés ont estimé à l'audience que la responsabilité du chauffeur était pleine et entière et que l'accident n'aurait pas eu lieu s'il n'avait pas effectué des manoeuvres imprudentes.

S'estimant victime de l'accident, la SNCF réclame même 1,8 million d'euros à Jean-Jacques Prost en dommages et intérêts.

Au contraire, le parquet, les parties civiles et la défense de Jean-Jacques Prost ont souligné que les torts étaient partagés et que la dangerosité du passage à niveau avait contribué à la survenue de l'accident.

Le parquet a ainsi requis une amende de 300.000 euros à l'encontre de la SNCF et de 150.000 euros contre RFF pour leur "défaillance" dans la "détection du caractère dangereux du passage à niveau" d'Allinges.

M.R. avec AFP