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Police-Justice

"Air Cocaïne": le point sur l'enquête en France

Moins de dix jours après leur rocambolesque fuite de République dominicaine et leur retour sur le territoire français, les deux pilotes interpellés lundi sont de retour en prison. L'instruction du volet français d'un présumé trafic de drogue  transatlantique suit son cours.

Que savaient-ils du chargement de leur avion? Les deux pilotes de l'affaire "Air Cocaïne" ont été placés en détention lundi. La juge d'instruction doit entendre l'un d'entre eux dès mardi et le second mercredi. La magistrate tentera de savoir quel rôle ils ont joué dans un présumé vaste trafic de drogue transatlantique. 

Le fait qu'ils se soient enfuis de République dominicaine n'éteint pas les soupçons qui pèsent sur eux. Les protestations de leurs avocats non plus. "Je n'ose même pas imaginer si c'est pour faire plaisir à la République dominicaine. La France est vraiment dans un danger potentiel, parce que maintenant, on est là pour faire plaisir à un pays qui n'a pas de vraie justice", a jugé sur le plateau de BFMTV l'un de leurs conseils, Me Jean Reinhart.

En France, une dizaine de personnes sont mises en examen. Le point sur une enquête dont les prémices remontent à 2012.

Condamné, comme son collègue Pascal Fauret, à 20 ans de prison à Saint-Domingue, où il attendait son jugement en appel, Bruno Odos, 56 ans, vient de passer sa première nuit en prison en France. Selon un ami proche, il ne s'attendait pas à être placé en détention provisoire.

L'autre pilote, Pascal Fauret, 55 ans, arrêté comme lui lundi à l'aube à son domicile et maintenu comme lui en détention, doit être entendu mercredi.

Tous deux sont visés depuis leur fuite par un mandat d'arrêt international émis par la République dominicaine, mais semblent définitivement à l'abri de la justice de ce pays, puisque Paris a écarté l'hypothèse d'une extradition.

Des dizaines de valises suspectes

Leur audition viendra nourrir un épais dossier, ouvert début 2013 à Marseille sur ce trafic de drogue transatlantique, qui a débuté début 2013 par un renseignement des gendarmes sur le "comportement suspect" de passagers d'un Falcon 50 qui avait atterri un mois plus tôt à Saint-Tropez.

La justice soupçonne les pilotes, ainsi que deux autres Français, Nicolas Pisapia et Alain Castany, condamnés comme eux en République dominicaine mais qui s'y trouvent toujours, d'avoir importé de la cocaïne en France, cachée dans des dizaines de valises maculées de boue et chargées dans ce jet privé.

Plusieurs vols de cet avion, affrété par une société de location, SN-THS, basée à Bron, dans le Rhône, sont suspects aux yeux de la justice française. A chaque fois, le trajet était le même: départ de République dominicaine ou d'Equateur pour une arrivée en France ou en Belgique.

Un douanier en poste à Toulon est également soupçonné de complicité, pour être allé accueillir l'avion à Saint-Tropez en décembre 2012. Un homme d'affaires, Franck Colin, a reconnu avoir affrété l'avion et a été placé en détention. Également incarcérés, les deux patrons de la SN-THS, ont depuis été libérés sous contrôle judiciaire.

D. N. et AFP avec Benjamin Dubois, Antoine Heulard