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Police-Justice

Affaire Alexandre Junca: ouverture du procès à Pau pour faire la lumière sur le meurtre du collégien 

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La Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques juge à partir de mardi le meurtre sauvage du jeune Alexandre Junca, tué à l'âge de 13 ans pour un simple téléphone portable, à Pau, en 2011. Un drame encore en grand partie inexpliqué, qui avait bouleversé la ville. Deux des quatre accusés encourent la réclusion à perpétuité.

Cinq ans après la découverte du corps démembré d'Alexandre Junca, collégien de 13 ans tué à coups de marteau pour le simple vol de son portable, quatre accusés vont devoir s'expliquer à partir de mardi aux assises de Pau sur ce meurtre sauvage qui avait traumatisé la ville.

Alexandre Junca avait disparu dans la soirée du 4 juin 2011, près de chez son père, dans le centre de Pau. Malgré d'intenses recherches, il avait fallu attendre trois semaines pour découvrir son corps, découpé et éviscéré: d'abord un fémur fin juin 2011, puis d'autres restes du cadavre en octobre, sous une digue provisoire édifiée sur la rivière traversant la ville.

Quatre accusés, dont deux marginaux

Deux marginaux, Mickaël Baerhel, 30 ans, et Christophe Camy, 28 ans, seront jugés par la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques pour "vol avec violences ayant entraîné la mort", des faits passibles de la réclusion à perpétuité.

A leurs côtés sur les bancs des accusés jusqu'au 17 juin, un retraité de 76 ans, Claude Ducos, amant de Baerhel à l'occasion de relations tarifées. Soupçonné d'avoir aidé à faire disparaître le corps d'Alexandre Junca, il est accusé de "recel de cadavre, atteinte à l'intégrité d'un cadavre, destruction de preuve et non-dénonciation de crime".

Il encourt trois ans de prison, tout comme Fatima Ennajah, 50 ans, ex-compagne de Baerhel qui doit répondre de "recel de cadavre" et "non-dénonciation de crime".

"On veut savoir"

Mickaël Baerhel a avoué lors de sa garde à vue, en avril 2013, avoir asséné les coups de marteau mortels au collégien. Dénoncé, Christophe Camy a reconnu quelques mois plus tard être l'auteur du vol du portable de la victime.

Mais le rôle joué par chacun des accusés dans ce crime reste encore très flou et le mystère demeure sur ce qui s'est exactement passé dans les heures et les jours qui ont suivi l'agression d'Alexandre. Autant de détails que les parents de la victime réclament aux accusés. 

"Ils ont tous participé, ils ont tous joué un rôle (...) Où ça s'est passé? Comment ça s'est organisé? On veut savoir tout ça", déclare aux journalistes Valérie Lance, la mère de la victime, digne malgré les larmes qui lui remplissent les yeux.

"Claude Ducos nie tout depuis le début. On ne s'imagine pas que pendant le procès tout va changer. Maintenant, on espère que dans le contexte d'une cour d'assises, il va nous éclairer un petit peu (...) Il ne risque pourtant pas grand-chose, trois ans pour avoir découpé le corps!", déplore la maman.

Ni ADN, ni scène de crime

"Nous n'avons pas véritablement de la bouche des accusés le détail de ce qui s'est passé", rappelle son avocate, Pierrette Mazza-Capdevielle. "Pas d'ADN, pas de scène de crime", seulement "les accusations de Baerhel, très lourdes, circonstanciées" qui, "confrontées au long et minutieux travail des enquêteurs, témoignent de ce qui s'est passé", souligne-t-elle. 

Le procès permettra-t-il pour autant de lever ces zones d'ombre ? Philippe Junca, le père d'Alexandre, espère bien lui aussi obtenir des réponses de la part de Claude Ducos.

"S'il a une conscience, il dira ce qui s'est passé!", répète-t-il.

Son avocate, Emmanuelle Leverbe, attend surtout du procès la "bonne version" de Mickaël Baerhel pour préciser les rôles des différents protagonistes. "Il ne risque rien à la donner puisqu'il a reconnu les faits", relève-t-elle.

L'avocate de Mickaël Baerhel n'a pas souhaité s'exprimer. Quant aux avocats de Claude Ducos et Fatima Ennajah, ils estiment que le procès devra s'attacher à "apporter les preuves de ce qui est avancé" à l'encontre de leurs clients.

Emmanuèle Legrand-Bogdan, avocate de Christophe Camy, espère que son client sera jugé "pour ce qu'il a commis, un vol avec violence", ni plus ni moins, selon elle. "Il a conscience qu'il s'est enfui, qu'il n'a eu aucun courage. Il le regrette, il veut le dire à la famille d'Alexandre et, au-delà, à toute la ville de Pau", assure-t-elle.

V.R. avec AFP