"Affaibli", Michel Fourniret "reste le pervers qu'il a été", selon l'avocat du père d'Estelle Mouzin

Après 17 années de silence, ils attendaient de lui des réponses, ils n'ont obtenu que des propos élusifs. Jeudi soir, la juge d'instruction Sabine Khéris a organisé un déplacement avec Michel Fourniret et Monique Olivier à Guermantes afin de raviver les souvenirs du tueur en série qui a reconnu en mars - après des révélations de son ex-épouse - sa responsabilité dans la mort d'Estelle Mouzin en 2003.
Sous haute surveillance policière, ils ont "retracé le parcours d'Estelle depuis l'école jusqu'au lieu où on imagine que la disparition a eu lieu", a détaillé Me Richard Delgenes, avocat de Monique Olivier. Cette dernière a confirmé "l'implication" du tueur en série dans la disparition de l'enfant de 9 ans, mais lui est resté évasif, se jouant parfois de la situation, selon les avocats présents sur place.
"Il reste le pervers qu'il a été"
Il a "reconnu Estelle sur une photo, indiqué qu'il l'avait croisée mais s'est refusé à donner des précisions sur les conditions de son enlèvement et de sa mort", a indiqué à l'AFP Me Didier Seban, conseil d'Eric Mouzin, le père de la victime. Et d'ajouter une déclaration de Fourniret: "Il y a des moments où il faut faire taire l'émotion qu'on peut avoir à la vision d'une telle jeune fille."
"Michel Fourniret est affaibli mais il reste le pervers qu'il a été dans sa manière d'éluder les questions ou de répondre à côté", a commenté Didier Seban au micro de BFMTV.
Me Seban raconte qu'au moment où Monique Olivier a confirmé son implication dans la disparition d'Estelle, il a "levé les yeux au ciel, ne supportant pas la parole" de son ex-femme.
"Quand la tête lui revient, il se souvient bien"
S'il est apparu "affaibli", "diminué", Michel Fourniret, âgé de 78 ans, reste aux yeux des avocats l'homme manipulateur déjà condamné pour les meurtres de sept femmes et adolescentes entre 1987 et 2001.
"Il est très atteint psychologiquement, je pense qu'il est très diminué et qu'il va falloir faire des opérations assez rapidement si on veut qu'il puisse y participer et avoir un procès avec un accusé dans le box. Mais quand la tête lui revient, il se souvient bien de tout et on retrouve le Michel Fourniret qu'on connaît depuis 2003 qui tourne autour du pot et qui ne dit pas grand chose", estime Me Delgenes.
Celui que la presse a surnommé "l'ogre des Ardennes" a certes reconnu être à l'origine de la disparition d'Estelle Mouzin mais n'a toujours pas livré les circonstances de l'enlèvement, du meurtre et l'endroit où se trouve le corps. L'ADN partiel de la petite fille a été détecté à deux endroits sur un matelas saisi dans une maison de Ville-sur-Lumes dans les Ardennes, mais les importantes fouilles menées fin juin pour retrouver le cadavre sont restées vaines.