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Police-Justice

Accusations de violences policières: comment la police s'adapte sur les réseaux sociaux

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Depuis plusieurs semaines, la préfecture de police communique davantage sur les réseaux sociaux. L'objectif: "recontextualiser" les images et montrer la violence dont les forces de l'ordre s'estiment être victimes en manifestation.

"Désolidarisez-vous des groupes violents." Ce message, posté sur le compte Twitter de la préfecture de police de Paris lors de la journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites du 9 janvier est une illustration de la nouvelle stratégie de communication adoptée depuis quelques semaines par les forces de l'ordre.

Alors que les accusations de violences policières se multiplient, la police semble vouloir être plus présente sur les réseaux sociaux, afin de tenter de remporter la bataille de l'opinion. 

Informer à grand renfort de hashtags

Traditionnellement, la préfecture de police de Paris partageait sur Twitter le jour d'une mobilisation l'arrêté préfectoral précisant les secteurs interdits aux rassemblements, des photographies des forces de l'ordre mobilisées en amont ou du préfet de police Didier Lallement lors des préparatifs de sécurisation.

Mais depuis la fin d'année 2019, une nouvelle politique est observée durant les journées de manifestation. Les comptes officiels de la préfecture diffusent en direct les actions policières en cours. Le samedi 11 janvier, elle prévient, à grand renfort de hashtags, que les pompiers ont pu "accéder aux foyers et éteindre les incendies sur le parcours de la #manifestation, #11 janvier. Le pré-cortège, qui reste statique, empêche le cortège syndical de poursuivre sa progression."

Une bataille de l'image jusque-là "asymétrique"

Ce même jour, la préfecture retweete une vidéo d'un journaliste du Figaro dans laquelle les forces de l'ordre sont prises à partie et subissent des jets de projectiles, accompagnée de ce commentaire: "Courage, abnégation et sang-froid des #fdo qui sont confrontées à l'ultra violence de groupes hostiles infiltrés dans les #manifestations." Elle diffuse aussi très régulièrement le compte-rendu des interpellations et contrôles préventifs effectués au fil de journée.

Par cette nouvelle stratégie, la police entend "recontextualiser" les images et montrer la violence dont elle s'estime victime à chaque manifestation:

"Nous sommes dans une bataille de l'image et cette bataille elle est asymétrique. Nous recherchons une forme d'équilibre. Parce que très souvent, en voyant ces images sorties de leur contexte, on occulte la réalité telle qu'elle est vécue par les forces de l'ordre sur le terrain", nous explique Laëtitia Vallar, porte-parole de la Préfecture de police de Paris.

Cette communication "active et plus dynamique" est vue d'un bon œil dans les rangs des fonctionnaires, selon Mathieu Zagrodzki, chercheur spécialiste police-sécurité: "Cela va dans le sens d'une plus grande ouverture de l'institution policière vers l'extérieur."

Appliquer les recommandations du Défenseur des droits

En décembre 2017 déjà, le Défenseur des droits signalait, dans un rapport sur le maintien de l'ordre l'importance des nouvelles techniques de communication pour faciliter le dialogue avec la population et désamorcer les situations violentes. Outre les "chaînes de messages électroniques", il évoquait les réseaux sociaux et "les véhicules de haut-parleurs et de panneaux à message variables pouvant expliquer les sommations" pour pacifier un affrontement lors d'une manifestation.

Jacques Toubon recommandait "de renforcer la communication et le dialogue dans la gestion de l'ordre public, avant et pendant le déroulement des manifestations, afin notamment de rendre plus compréhensible l'action des forces de sécurité et de favoriser al concertation."
Esther Paolini