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Police-Justice

13-Novembre: Jawad Bendaoud condamné à 4 ans de prison pour avoir hébergé des terroristes

Jawad Bendaoud, le 28 novembre dernier.

Jawad Bendaoud, le 28 novembre dernier. - AFP

La cour d'appel de Paris rend ce vendredi sa décision dans le procès de Jawad Bendaoud, soupçonné d'avoir logé des terroristes du 13-Novembre. En première instance, il avait été relaxé car il n'avait pas pu être prouvé qu'il savait à qui il avait loué son appartement de Saint-Denis.

Un murmure puis un prévenu dans l'incompréhension. Il y a un peu plus d'un an, le 14 février 2018, Jawad Bendaoud était relaxé par le tribunal correctionnel de Paris faute d'éléments pouvant prouver qu'il savait qu'il avait logé Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats du 13-Novembre, et Chakib Akrouh, un Belgo-marocain, complice. Sitôt le jugement tombé, le parquet avait fait appel. Ce qui avait donné lieu à un deuxième procès en novembre dernier. 

Au terme de deux semaines d'audience face à la cour d'appel de Paris, marquées par de nouvelles sorties remarquées de Jawad Bendaoud, ce dernier avait clamé son innocence à sa manière. Celui qui avait été surnommé "le logeur de Daesh" a été condamné à 4 ans de prison ferme pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il a été reconnu coupable d'avoir su qu'il logeait des terroristes les 17 et 18 novembre 2015, soit 4 jours après les attentats. La cour a toutefois estimé qu'il ne savait pas le 16 novembre, jour où il a été mis en contact avec Hasna Aït Boulahcen, cousine d'Abdelhamid Abaaoud, qu'il était en relation avec des terroristes.

Entouré de 6 gendarmes, droit dans le box, comme impassible, il a écouté le président de la cour d'appel. A ses côtés, son avocat Me Nogueras, a attendu la décision les yeux levés vers le ciels. Jawad Bendaoud comparaissait détenu: il a été condamné en appel en début de semaine à un an de prison pour "menaces de mort" à l'encontre d'une victime du 13-Novembre qui était venue témoigner lors de ce procès en appel au mois de décembre dernier.

"Ma vie, elle est niquée"

Au début de ce procès en appel, Jawad Bendaoud s'était livré à ses fantaisies, qui avaient tant fait parler sur les réseaux sociaux en première instance. Jogging à paillettes, téléphone à la main pour filmer les journalistes et alimenter son compte Snapchat, le prévenu avait martelé ne pas avoir "tilté", malgré "les trucs louches", qu'il avait pu héberger les responsables qui venaient de frapper la France. "Moi, je suis un voyou, je ne deviendrai jamais un terroriste", avait-il plaidé se décrivant comme un "musulman normal".

Mais rapidement face aux éléments que la cour lui a opposés et face aux accusations, Jawad Bendaoud avait laissé exprimé sa colère. Le 30 novembre 2018, face aux questions de l'avocate générale, le prévenu avait explosé, rouge de colère, et tapant du point sur la barre. "Que je sois condamné ou innocent, ma vie elle est niquée", avait-il hurlé. "Ils sont en train de me rendre fou", avait-il ajouté, encadré de gendarmes. "Comme plein de fois dans ma vie, je ne me suis pas contrôlé. (...) Je m'excuse pour mon attitude, mais faut se mettre à ma place", avait-il ajouté revenu, calmé.

Aït Boulahcen condamné à

Pour son avocat Xavier Nogueras, le procès en appel n'a pas permis d'apporter la preuve nécessaire pour le condamner. Jawad Bendaoud, qui a passé 27 mois à l'isolement après son arrestation le 18 novembre 2015, encourt six ans de prison. Le conseil avait estimé que par ses "j'aurais dû m'en douter", Jawad Bendaoud avait fait "un aveu d'innocence", estimant que son client avait "un véritable problème psychiatrique" et avait "besoin de soins pour canaliser sa violence".

L'avocate générale avait à l'inverse considéré la "parole de M. Bendaoud" comme pas "fiable" et avait requis 5 ans de prison contre ce délinquant multirécidiviste. "Le jihadisme a offert une morale à la délinquance des cités et les délinquants ont offert des moyens aux jihadistes", avait déclaré la représentante du ministère public. Elle avait également réclamé 5 ans de prison contre Youssef Aït Boulahcen, le cousin d'Abdelhamid Abaaoud, jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste". Le jeune homme, assis au premier rang, tête basse a écouté sa peine: 4 ans de prison ont été prononcée avec mandat de dépôt. Il part en détention à la fin de l'audience.

Justine Chevalier