Le roi Charles III en visite en Australie, devenue indifférente à la monarchie

Le roi Charles et la reine Camilla le 7 septembre 2024 en Ecosse. - ANDY BUCHANAN / AFP
À la veille de la visite du roi Charles III en Australie, nombre de ses sujets des antipodes disent ne pas être au courant de son voyage ou y être indifférents, signe d'un pays devenu moins anglo-centré.
"J'avais oublié qu'ils venaient", avoue Trevor Reeves, un habitant de Sydney de 73 ans, pour résumer l'ambiance qui règne avant l'arrivée de Charles et Camilla, la première visite depuis 13 ans d'un souverain britannique dans le pays.
Le programme de cette visite royale de six jours à Sydney et Canberra a été revu à la baisse en raison du cancer dont a souffert le roi. Mais le faste devrait être au rendez-vous, ainsi que de grands rassemblements, notamment devant l'Opéra de Sydney.
"Ils n'ont pas beaucoup d'impact ici"
L'engouement ne devrait cependant pas être à la hauteur de la visite de Charles et de sa première épouse, Diana, en 1983.
"Je ne suis pas très enthousiaste, mais je ne leur en veux pas de venir ici", observe Susanne Lowire, 72 ans. "Ils n'ont pas beaucoup d'impact ici".
"Certaines personnes aiment" ces visites officielles "comme elles aiment les stars de cinéma", poursuit-elle.
Évolutions démographiques
Cindy McCreery, historienne à l'université de Sydney, estime que le peu d'attention porté à la visite royale s'explique par un contexte d'inquiétudes liées à la guerre, au changement climatique et au coût de la vie. "Nous vivons un moment complexe avec tous les problèmes mondiaux". Il est "naturel de s'attendre à une attitude plus variée face à la monarchie", note-t-elle.
Ce changement de perception de la monarchie est aussi façonné par les évolutions démographiques du pays. Selon le recensement de 2021, environ 36% des 26 millions d'Australiens s'identifient toujours comme "Anglais", le groupe le plus important du pays. Soit une baisse de 10 points par rapport à 1986.
Aujourd'hui, environ un tiers des Australiens est né à l'étranger, avec des populations d'origine italienne, grecque, libanaise, indienne ou chinoise en progression.
"Lors des précédentes visites royales, les gens avaient peut-être un lien plus fort avec la Grande-Bretagne", souligne Cindy McCreery.
Pays divisé
Selon les sondages, environ un tiers des Australiens aimeraient se débarrasser de la monarchie, un tiers veut la préserver et un tiers se dit ambivalent. L'Australie a rejeté par référendum en 1999 un changement de Constitution pour devenir une république. Aucun changement constitutionnel radical n'est donc depuis à l'ordre du jour.
Il reste des fans de la monarchie en Australie. Mais même l'une d'entre elles, Jan Hugo, grande collectionneuse depuis quarante ans de tout ce qui est lié à la monarchie britannique a renoncé à se déplacer.
Dans sa maison de Nouvelle-Galles du Sud, 10.000 objets dédiés à la monarchie forment un véritable musée.
"Ils ont une grande valeur pour moi mais ne valent sans doute rien pour quelqu'un d'autre", reconnaît-elle.
À ses côtés, une grande statue de la reine Élizabeth II est assise sur un trône, entourée de ses corgis bien-aimés.