"The Morning Show": Marion Cotillard dans la peau d'une impitoyable patronne dans la série d'Apple TV+

L'actrice française campe une riche et féroce héritière, aux côtés de Jennifer Aniston et Reese Witherspoon, dans une quatrième saison toujours plus précise - pour ne pas dire prophétique - sur les médias.

Avril 2024. L'usage de l'IA générative se diffuse dans la tour de la chaîne UBN (née de la fusion entre les groupes UBA et NBN). Les premiers tests montrent la traduction des journaux d'Alex Lévy (Jennifer Aniston) en plusieurs dizaines de langues, et suscitent l'inquiétude des salariés, craignant d'être, un jour, remplacés. Dès sa scène d'ouverture, The Morning Show ancre les problématiques dans lesquelles s'engluent les médias aujourd'hui - jusqu'où l'intelligence artificielle s'immiscera-t-elle dans le quotidien des journalistes?

Cette question traverse la quatrième saison de la série à succès d'Apple TV+, dont le premier épisode a été dévoilé ce 17 septembre. Alors que la chaîne couvre - de manière festive - les Jeux Olympiques de Paris 2024, la rédaction se déchire en interne. Tant du point de vue éditorial - la neutralité existe-t-elle vraiment? - que sur la stratégie à adopter - l'infotainment (information-divertissement) s'imposera-t-elle sur les autres programmes pour conquérir toujours plus d'audience?

Cette pression sur les journalistes s'accentue d'autant plus qu'une nouvelle présidente est nommée, Céline Dumont (Marion Cotillard). Héritière d'une riche famille française, à la tête d'une multinationale, c'est elle qui a sauvé la chaîne de la dérive. Un personnage impitoyable qu'interprète, avec justesse, l'actrice française de 49 ans aux côtés du trio Jennifer Aniston, Reese Witherspoon et Greta Lee.

"Une reine"

Dès sa première apparition, dans l'épisode inaugural, la comédienne oscarisée y est glaciale, le visage fermé et l'allure hautaine. La réalisatrice de la série Mimi Leder s'en souvient encore, auprès du Monde: "Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent et que l’on voit cette femme incroyable, la tête légèrement inclinée et son regard bleu intense, on aurait dit qu’une reine nous rendait visite."

Si Marion Cotillard a fait des apparitions dans quelques séries (dont Extrapolations sur Apple TV+), il s'agit de son premier rôle récurrent sur le petit écran. C'est Charlotte Stoudt, showrunneuse du Morning Show, à partir de la troisième saison, qui en a eu l'idée: "C’est un heureux hasard. Nous voulions un personnage qui apparaît après la fusion, un personnage féminin puissant et, dans mon esprit, elle avait un accent, sa féminité n’était pas celle d’une Américaine. J’ai entendu dire que Marion était fan de la série. Nous l’avons contactée et tout s’est fait très vite", confie-t-elle au Monde.

Brillante, tant sur la forme que sur le fond, cette quatrième saison relate, avec justesse, la difficile économie des médias, la tentation du populisme, le bouleversement de l'intelligence artificielle et ses conséquences sur les employés. Elle reste néanmoins plus timide sur le contexte politique des Etats-Unis, n'abordant jamais frontalement la montée du trumpisme. "Nous savions que nous ne parlerions pas de la campagne présidentielle, reprend Charlotte Stoudt. Nous n’avons aucun contrôle sur le déroulement de cette histoire et nos personnages sont plutôt éloignés de cette problématique."

Un choix prudent, donc. Le calendrier n'y est pas pour rien non plus. L'écriture de la saison commence huit mois avant le tournage, et se poursuit pendant la production, pour capter, au mieux, l'air du temps. Pari (encore) réussi.

Sophie Hienard