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Réouverture de l’enquête sur le suicide de Krisztina Rády: ces témoignages du documentaire Netflix qui accablent Bertrand Cantat

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Au regard des témoignages dans le documentaire De rockstar à tueur: le cas Cantat, le parquet de Bordeaux a rouvert ce jeudi l'enquête sur le suicide de l'ex-épouse de Bertrand Cantat.

Quinze ans après le suicide de Krisztina Rády, l'ex-épouse de Bertrand Cantat, le parquet de Bordeaux a annoncé jeudi la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par le chanteur avant sa mort. Krisztina Rády avait été retrouvée pendue chez elle le 10 janvier 2010.

Cette réouverture est notamment motivée par le visionnage du documentaire de Netflix sur le chanteur de Noir Désir condamné en 2003 pour le meurtre de Marie Trintignant, a précisé dans un communiqué le procureur de la République de Bordeaux, Renaud Gaudeul.

Ce film en trois épisodes, diffusé à partir du 27 mars 2025, contient "plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas" dans les quatre procédures déjà ouvertes sur les circonstances de la mort de Krisztina Rády, toutes classées sans suite, ajoute le magistrat.

"Plusieurs témoignages montrent qu'elle aurait été, elle aussi, victime de violences physiques de la part de son époux", souligne sur BFMTV Anne-Sophie Jahn, co-réalisatrice de la série documentaire De rockstar à tueur: le cas Cantat.

"Certains témoignages sont extrêmement durs, très troublants et se recoupent."

• Le dernier compagnon de Krisztina Rády

Parmi ces témoignages, il y a celui du dernier compagnon de Krisztina Rády, François Saubadu, rencontré peu de temps avant sa mort.

Lorsque Bertand Cantat est libéré, après avoir effectué la moitié de sa peine de prison à Vilnius en Lituanie, pour le meurtre de Marie Trintignant, il s'installe près de sa femme et de ses enfants, à Bordeaux, chacun vivant de son côté, comme le raconte la jeune fille au pair des enfants du couple.

Lorsqu'il découvre que son épouse fréquente un autre homme, il se rapproche de sa famille, évoque le documentaire. Au point de se réinstaller avec Krisztina Rády. "Il a commencé à m'envoyer des mails, à me harceler par téléphone et à faire du chantage affectif avec Krisztina", raconte François Saubadu.

"Il contrôlait tout, il était toujours derrière elle à voir ce qu’elle fait. Elle m’a dit que s'il découvrait ses SMS, elle risquait sa vie. Elle a peur. Elle a peur de lui".

Le documentaire dévoile ainsi des SMS envoyés par Krisztina Rády à François Saubadu, témoignant du contrôle exercé par Bertrand Cantat.

"Je t’en supplie, n’appelle pas", lui écrit-elle ou "S’il apprend que tu as mon numéro, c’est fini de mon histoire ici-bas".

"Je pouvais sentir la tension croître de semaine en semaine, entre Krisztina et lui, confirme la jeune fille au pair. L'atmosphère est devenue toxique et inquiétante. Ils se disputaient de plus en plus, et toujours plus violemment", se souvient la jeune fille au pair.

• La mère de Krisztina Ràdy

La mère de Krisztina Rády témoigne également dans le documentaire. Après le suicide de sa fille, elle avait déjà évoqué des violences que sa fille aurait subies de la part de Bertrand Cantat, avant de se désolidariser, en 2018 de ceux qui souhaitaient rouvrir l'enquête.

Trois autres procédures avaient en effet été ouvertes en 2013, 2014 puis 2018, les deux dernières à la suite de plaintes de la présidente de l'association Femme et libre, Yael Mellul, ancienne avocate de François Saubadu.

"Bertrand menaçait de se suicider si elle le quittait (…) il se tailladait les bras au couteau. Il n’était pas net", évoque ainsi Csilla Ràdy, interrogée dans le documentaire.

On peut aussi y entendre des extraits d'un message vocal laissé par Krisztina Rády à ses parents en 2009. Un message glaçant, qu'ils avaient relayé dans les médias dès les années 2010.

"Papa, maman, des choses terribles se sont passées", disait Krisztina Rády. "Bertrand est fou". "Il en a fait un cauchemar qu’il appelle l'amour. Hier, j’ai failli mourir. Je n’arrive pas à respirer à cause de la peur".

"Témoigner ne servirait à rien, car Bertrand se suiciderait sûrement et les enfants seraient orphelins. Il m’est impossible de sortir de cette situation".

"Des preuves, il y en a. Des gens dans la rue, nos amis ont vu Bertrand tout casser hier."

• Un témoignage anonyme d'un intérimaire dans un service d’urgence

La série documentaire livre un autre témoignage, anonyme celui-là, d'un homme qui se présente comme "intérimaire dans un service d’urgence en région bordelaise" et qui affirme avoir lu un dossier médical au nom de Kristina Rády dans cet établissement de santé.

"Dans ce dossier, il était mentionné que Krisztina Rády elle était passée aux urgences faire constater des traces de blessures suite à une altercation avec son compagnon", évoque-t-il. "Le médecin a transcrit que Krisztina Rády avait un décollement du cuir chevelu, des bleus et des hématomes."

"Dans ses observations, le médecin mentionnait qu’elle pleurait beaucoup mais qu’elle ne voulait pas porter plainte pour protéger ses deux enfants. Je me rappelle que ces faits ont eu lieu après Vilnius, quand Bertrand Cantat est retourné s’installer dans leur domicile familial", conclut-il.

Si ce témoignage est indirect et anonyme, "il existe donc un dossier qui prouve que Bertrand Cantat a été violent à sa sortie de prison", analyse Anne-Sophie Jahn dans le documentaire.

Le chanteur était alors toujours en liberté conditionnelle, "si Krisztyna avait parlé, il aurait très probablement été renvoyé en prison".

Magali Rangin