Terrenoire, le duo stéphanois qui pourrait créer la surprise aux Victoires de la musique

Leur premier album s'intitule Les Forces contraires. Terrenoire, le duo formé par Théo et Raphaël Herrerias, pourrait créer la surprise ce vendredi soir à la Seine musicale, où sont remises les Victoires de la musique. Les deux frères concourent dans la catégorie Révélation masculine, face à Chien Noir et Myd. BFMTV les avait rencontrés début février.
À leur premier album, ils ont apporté une suite, intitulée Les Forces contraires: la mort et la lumière, composée de 7 nouveaux titres et sortie le 4 février dernier. Si le premier disque, inspiré par la mort de leur père, a servi de thérapie, le deuxième est plus lumineux.
"On avait envie de chansons plus lumineuses"
"On a perdu notre père, on n'avait pas prévu, évidemment, cette épreuve et notre premier album a été teinté de ça. On a essayé de raconter ça le plus précisément possible. C'est aussi une forme d'hommage et quelque chose qui pouvait nous permettre de revenir à la vie, d'aller mieux".
"Avec ce premier album, on est passé par plein d'états et quand on est allé sur scène, on s'est rendu compte qu'on avait envie de chansons plus lumineuses, plus ouvertes. On avait fini de traverser ce qu'on avait vécu intérieurement sur le premier disque", explique Raphaël.
La chanson L'Infini, fait partie des chansons qui viennent teinter le disque de lumière. Tout est axé sur le live, souligne t-il encore. "Ce serait se parjurer de ne pas mettre la danse au service de Terrenoire", ajoute Théo.
Saint-Étienne en étendard
Les deux frères sont très fiers de leurs origines stéphanoises, qu'ils affichent dès le nom choisi pour leur duo. Terrenoire est un ancien quartier ouvrier de Saint-Étienne, qui a connu la désindustrialisation et a vu ses usines fermer les unes après les autres. C'était, pour eux, une évidence de porter leur quartier en étendard:
"C'est une promesse qu'on s'est faite dès le debut", expliquent-ils. "De toute façon, on n'a pas le choix de ne pas oublier d'où on vient. C'est une fierté de mettre en avant des territoires qui n'ont pas trop la lumière sur eux. Ce type de villes, dont on est très fiers: des villes populaires."
Et de poursuivre: "Nous, on choisit notre camp: chanter qu'on vient d'ancêtres qui sont arrivés dans ce pays et pour qui la vie n'a pas été tout de suite facile. Terrenoire, c'est un peu la promesse de tout ça."
Les héritiers de Lavilliers
Ces origines leur ont permis de faire la rencontre d'une figure de la chanson française: Bernard Lavilliers, lui aussi né à Saint-Étienne. De cette rencontre est née une chanson, Je tiens d'elle, qui parle évidemment de leur ville d'origine. Mais la musique et leur terre natale ne sont pas leurs seuls points communs.
"Notre grand-père et son père ont travaillé ensemble à la manufacture d'armes de Saint-Étienne, ils étaient collègues. Et Bernard Lavilliers a lui aussi travaillé en tant que tourneur fraiseur, ça a été son premier métier. Alors il y a eu des atomes crochus et des histoires communes qui ont fait qu'on pouvait dialoguer de choses partagées."
Les Victoires, une crainte vertueuse
S'ils ne cachent pas la peur que leur inspire les Victoires de la musique, ils décident d'en faire une force. C'est ce qu'ils nous avaient confié à deux semaines de la cérémonie, quelques jours avant la sortie de leur album:
"C'est génial. Ce CD sort dans quatre jours et on n'a pas peur de le sortir, parce qu'on doit préparer les Victoires de la musique. C'est une belle leçon de la vie. Si on a peur de quelque chose, il fait juste trouver une porte beaucoup plus grande. Comme ça tout passe beaucoup mieux (...) Si on se fait encore plus peur, c'est trop bien. Tout disparaît."