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Le rappeur de Kneecap, accusé de soutien au Hezbollah, comparaît aujourd'hui à Londres

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025

Liam O'Hanna, de son nom de scène Mo Chara, membre du groupe Kneecap, au festival Glastonbury, au Royaume-Uni, le 28 juin 2025 - Oli SCARFF / AFP

Le rappeur Mo Chara du groupe nord-irlandais Kneecap, accusé de soutenir le Hezbollah, comparaît ce mercredi devant un tribunal londonien pour "infraction terroriste". Il a été soutenu par des centaines de personnes amassées devant le palais de justice.

À quelques jours de sa participation au festival francilien Rock-en-Seine, le rappeur pro-palestinien Mo Chara du trio nord-irlandais Kneecap comparaît ce mercredi matin devant un tribunal londonien pour "infraction terroriste".

Liam Og O Hannaidh, son vrai nom en gaélique, a en effet été inculpé le 21 mai dernier pour s'être couvert d'un drapeau du mouvement libanais Hezbollah, classé "terroriste" au Royaume-Uni, pendant un concert du groupe à Londres le 21 novembre 2024. Il lui est également reproché d'avoir crié "Allez le Hamas! Allez le Hezbollah!".

Mi-juin, lors d'une première audience, le procureur Michael Bisgrove avait assuré que "cette affaire ne portait pas sur le soutien de M. O'Hanna au peuple palestinien, ni sur ses critiques à l'égard d'Israël".

Les avocats du rappeur avaient quant à eux affirmé que son inculpation avait eu lieu hors du délai légal de six mois. L'affaire avait été reportée à la fin août. C'est notamment ce point qui doit être examiné ce mercredi durant l'audience. Le groupe a toujours nié tout soutien au Hezbollah, dénonçant une décision "politique".

"Libérer Mo Chara"

Des centaines de supporters se sont rassemblés devant le tribunal de Westminster mercredi matin. "Libérez la Palestine", ont-ils scandé, en brandissant des drapeaux palestiniens et irlandais ou des pancartes appelant à "Libérer Mo Chara".

Mary Hobbs, 31 ans, est venue de Belfast pour soutenir le rappeur. "Les accusations sont absurdes", a-t-elle lancé, qualifiant le système judiciaire de "défaillant". C'est donc dans la cohue qu'est arrivé Mo Chara au tribunal, son visage en partie couvert d'un keffieh palestinien et accompagné d'un autre membre du groupe, Moglai Bap.

Provocateurs

Provocateurs audacieux pour leurs fans, extrémistes dangereux pour leurs détracteurs, les membres du groupe ont attiré l'attention médiatique et politique ces derniers mois au Royaume-Uni. En cause: des déclarations virulentes contre Israël et la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

L'offensive israélienne a pour le moment engendré 62.064 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Malgré des appels pressants d'élus conservateurs à déprogrammer Kneecap du prestigieux festival de Glastonbury fin juin, il a pu s'y produire, persistant dans ses critiques contre Israël. Kneecap s'est toutefois vu interdit d'entrer en Hongrie fin juillet, où il devait donner un concert.

Direction Rock-en-Seine

Le trio nord-irlandais a accédé à la notoriété en 2024 avec son album "Fine Art" et un docu-fiction survolté, Kneecap. Primé notamment au festival du film de Sundance, aux Etats-Unis, ce film est sorti en France en juin.

Fondé en 2017, Kneecap défend la réunification de l'Irlande et considère sa langue comme un cri "anticolonialiste" face à la puissance britannique. Le nom du groupe ("kneecap" signifie "rotule" en anglais) vient de la pratique des groupes paramilitaires qui tiraient sur leurs victimes au niveau des genoux pendant le conflit nord-irlandais.

Kneecap doit désormais monter sur scène ce dimanche au festival de Rock en Seine, en banlieue de Paris. La ville de Saint-Cloud a néanmoins décidé mi-juillet de retirer son enveloppe de 40 000 euros destinée au festival en raison de la présence du groupe.

E.A. avec AFP