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"J'ai posé ma journée": les Swifties dans les starting-blocks pour la sortie du 12e album de Taylor Swift

Une fan de la megastar Taylor Swift lors d'un pic-nic organisé en marge de la tournée The Eras Tour en août 2024 à Vienne.

Une fan de la megastar Taylor Swift lors d'un pic-nic organisé en marge de la tournée The Eras Tour en août 2024 à Vienne. - Eva Manhart

Réveil aux aurores, séance d'écoute collective, pose d'un jour de congé... Les fans de Taylor Swift se mettent en quatre pour découvrir son 12e album dans les minutes qui suivent sa sortie, et dans les meilleures conditions.

Dans le calendrier de Nawal, la date est soigneusement marquée d'une pierre blanche depuis des mois. Ce vendredi dès l’aube, ses amies vont débarquer dans son appartement parisien pour un rendez-vous pas comme les autres: découvrir ensemble le nouvel album de Taylor Swift, intitulé The Life of a Showgirl.

Les cinq amies, dont l'une va faire plusieurs centaines de kilomètres depuis Zurich pour l'occasion, prévoient de se réveiller aux aurores afin de s'adonner à une véritable listening party, une session d'écoute collective de l’album de l'artiste américaine qui sort précisément à 6h, heure française.

En pyjama, elles comptent écouter attentivement les 12 nouveaux titres tout en prenant leur petit-déjeuner, et confectionner des cookies au chaï, inspirés d’une recette de Taylor Swift.

"C’est un peu notre Coupe du monde à nous, on en parle depuis des mois. Certes, nous avons toutes passé la trentaine, et certaines devront filer au travail à 9 heures, mais cela reste un vrai moment de réconfort", sourit Nawal, créatrice de contenus indépendante

"Au-delà de l’esthétique, c’est une chanteuse à textes"

Cette fan inconditionnelle compte également se rendre au Grand Rex à Paris le vendredi soir pour la projection du film The Official Release Party Of A Showgirl (La soirée de lancement officielle d'une Showgirl). "Ça va être 24h de Taylor Swift", plaisante-t-elle, impatiente.

Pour l’occasion, elle a prévu une tenue inspirée de la pochette de l’album, aux accents cabaret orange et pailletés, et elle a aussi ressorti les fameuses perles que les fans s’échangent dans les files d’attente des concerts.

Célia, elle, compte prendre un train de deux heures entre Bourges et Paris vendredi soir après sa journée de travail pour se rendre à la release party du Grand Rex. "Je risque d'être un peu fatiguée mais ça en vaut la peine! J'ai à la fois très hâte et un peu peur que ça ne me plaise pas, mais on attend un album très pop donc il n'y a pas de raison", confie la jeune femme de 24 ans.

D'autres, comme Caroline* et Sylvain, s'y sont pris à l'avance et ont même sacrifié une journée de congés pour l'occasion. Les deux collègues, fans depuis des années, se sont eux-aussi donné rendez-vous chez Sylvain pour écouter l'album ensemble dans la matinée, paroles des nouvelles chansons sous les yeux. Confortablement installés, ils comptent bien débriefer et décortiquer le nouvel univers de l'artiste, entre mélodies inédites et subtils clins d’œil à sa vie et aux précédents albums.

"On voulait prendre le temps et ne pas écouter ça à la va-vite", explique cette jeune femme de 25 ans, qui travaille à Paris. Pour elle, "chaque album est un plaisir à découvrir, car elle se réinvente avec une nouvelle identité visuelle. Et au-delà de l’esthétique, c’est une véritable chanteuse à textes: ses chansons demandent plusieurs écoutes pour en saisir toutes les nuances".

"C’est son ADN, mais aussi sa stratégie marketing", avance Caroline. "Elle cultive le mystère autour de chaque sortie, semant un faisceau d’indices que les fans s’amusent à décrypter".

"Elle se livre comme personne dans le monde de la pop"

Selon Charles Decant, auteur du livre Swiftology, Taylor Swift derrière les mots, si certains fans prennent leur journée, c’est pour plonger dans la profondeur des textes: "Au-delà des mélodies, c’est ce rapport à l’écriture qui compte. Ce qui leur importe, c’est de découvrir pleinement ce nouveau chapitre, et de le faire bien."

"À titre personnel, je vais l’écouter avec les paroles, comme à chaque fois: pour moi aussi, c’est de la lecture et de l’écoute en même temps. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait à la légère, comme on écouterait un album dans le métro. Il faut prendre le temps de bien le comprendre et de l’appréhender", ajoute le spécialiste, très curieux de voir les chiffres de vente de la première semaine de ce nouvel opus.

"C’est ça qui fait sa force et qui est à la base de son succès phénoménal. Elle se livre comme personne ne le fait dans le monde de la pop aujourd’hui: elle raconte sa propre histoire, jamais commentée dans la presse puisqu’elle ne donne pas d’interview et ne s’exprime qu’à travers ses chansons."

Vendredi à la sortie de cet album qui a été enregistré à huis clos avec Max Martin et le producteur suédois Shellback, Charles Decant s'attend ainsi à avoir "des éclairages sur certains pans de sa vie privée: sa relation avec l’actrice Blake Lively, son amie de longue date avec qui elle se serait brouillée, ou encore sa romance avec Travis Kelce. Lors du précédent album, ils venaient tout juste de se rencontrer: seules deux chansons l’évoquaient alors de manière superficielle, là ça va peut-être être plus intéressant."

Ce 12e album, qui sera le plus court de sa carrière, intervient "alors qu’a priori tout va bien pour elle", résume le spécialiste et admirateur.

"Comme souvent rien n’est laissé au hasard: les mélodies visent l’efficacité maximale, pour être immédiatement accrocheuses. À la différence des albums précédents, Taylor Swift s'est imposé des limites, alors qu’elle avait pris l’habitude de livrer de longs projets de 20 ou 30 titres. Ici, elle revient à un format plus classique de la pop, avec des morceaux courts et calibrés".

The Life of the Showgirl succède à The Tortured Poets Department, sorti en avril 2024, et vite devenu l'album le plus vendu de l'année. Une semaine seulement après sa sortie, il avait totalisé plus de 2,6 millions d'équivalents vente (écoutes, téléchargements et ventes physiques), soit le deuxième album le plus acheté sur ce laps de temps de l'histoire américaine, derrière 25 d'Adèle en 2015.

*Le prénom de l'interlocutrice a été changé à sa demande.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV