"Il n'a pas besoin du regard des autres": que devient le très discret Jean-Jacques Goldman?

Jean-Jacques Goldman, le 7 Janvier 1987, au Palais des Sports de la ville de Bordeaux. - GEORGES BENDRIHEM / AFP
Loin des yeux, près des fans. En quittant les projecteurs du show-business pour une vie plus discrète, au début des années 2000, Jean-Jacques Goldman n'a fait qu'asseoir un peu plus sa légende. Cette retraite prise en pleine gloire nimbe le personnage d'une aura de mystère et ne fait qu'entretenir, paradoxalement, l'attachement du public pour celui qui fête ses 73 ans ce vendredi 11 octobre.
En témoigne le classement annuel des personnalités préférées des Français publié par le JDD, dont il occupait la première place l'an passé pour la septième année consécutive. La tournée L'Héritage Goldman, qui voit des artistes reprendre ses tubes sous la houlette de son ami Michael Jones, cartonne, tout comme celle des Goldmen, un groupe qui se consacre exclusivement à la discographie du chanteur.
Même fidélité du côté des abonnés aux plateformes de streaming. "Il n'y a pas d’essoufflement, les écoutes sont hyper stables", confie à BFMTV un responsable de Deezer. "Cela démontre un véritable attachement (de nos) utilisateurs à Goldman." Quant à Spotify, la page du chanteur affiche 1,5 million d'auditeurs mensuels, soit autant que Johnny Hallyday.
"Il n'a pas besoin du regard des autres"
Autant de preuves de l'attachement intact de l'Hexagone pour cet artiste qui vit désormais entre Londres et Marseille, dont le dernier album, Chansons pour les pieds, date de 2001, et le dernier concert de 2004.
"La scène, ça n'a jamais été son endroit où il était le plus à l'aise", confie Erick Benzi, son ami fidèle et arrangeur, à BFMTV.
"Il a appris à aimer ça en travaillant, avec le temps, donc il a pris beaucoup de plaisir à le faire. Mais c'est pas un manque", poursuit-il. Peut-être a-t-on là l'une des raisons du retour à l'anonymat de Jean-Jacques Goldman: "C'est pas comme les gens qui veulent mourir sur scène, parce qu'ils ont besoin du regard des autres. Il n'a pas besoin du regard des autres."
En 2011, Jean-Jacques Goldman lui-même avait évoqué la question dans une lettre adressée à une fan jurassienne: "Une tournée d'adieu? Je suis triste de la tristesse que (mon) absence peut causer, mais je sais aussi ce que la scène exige d’implication, d’énergie, de désir, et je n’en suis plus capable. (Et il me semble que ce serait trop difficile, émotionnellement aussi)", lui avait-il écrit.
Ses lettres, comme des cadeaux aux fans
Car le chanteur, par voie épistolaire, continue de s'entretenir avec son public. Thibault Christophe en est un exemple. Ce père de famille toulousain lui a consacré un premier roman sous le pseudonyme L.T (Journal d'un fan, éditions du Caillou) et le lui a fait parvenir par l'intermédiaire de son fanclub. Fin septembre, il a eu la surprise de recevoir une réponse dans sa boîte aux lettres.
"Au moment où je prends la lettre, quand je l'ouvre... il y a l'entête JJG, et son écriture manuscrite est reconnaissable!", raconte-t-il à BFMTV. "J'ai reconnu son écriture, c'était tellement inattendu que je l'ai replacée et je l'ai lue plus tard pour apprécier chacun des mots."
"Passer par les médias, (pour Jean-Jacques Goldman,) ce serait une relation quantitative", analyse-t-il. "Il est dans une démarche de qualité, plus individualisée. Et quand on connaît le personnage, ça reflète sa personnalité."
"Il n'a plus l'énergie", poursuit Erick Benzi. "Il en est désolé par rapport à ses fans, mais il dit: 'Voilà, je suis six fois grand-père, j'ai 73 ans, ma vie est belle et ça va'. (Mais) il répond toujours au courrier des lecteurs!! Il passe l'intégralité de son temps à répondre aux lettres des fans."
Des chansons très occasionnelles
De même, des retrouvailles avec Céline Dion -à qui Jean-Jacques Goldman a écrit les albums à succès D'eux (1995), S'il suffisait d'aimer (1998) puis la chanson Encore un soir (2016)- lui semblent peu probables: "Je ne le vois pas aller écrire des chansons pour Céline (....) À ma connaissance, ce n'est pas d'actualité."
Le chanteur continue, pourtant, de manière très occasionnelle, d'écrire pour d'autre. On lui doit ainsi Des mots à offrir d'Emmanuel Moire (2019), Nous ne le savions pas de Patrick Fiori (2020), Quand? de Trois Cafés Gourmand (2022) ou encore Pense à Nous, de Gautier Capuçon (2023).
Sa dernière création connue, c'est une chanson écrite pour le spectacle d'une classe de primaire de l'école Louis-Pergaud, à Vénissieux près de Lyon, en 2024. Là encore, les lettres qu'il échange avec ses fans ont été cruciales à la concrétisation du projet: l'institurice, Nadia Bachmar, correspondait avec lui depuis des années lorsqu'elle lui a demandé de leur écrire un morceau.