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Des réseaux sociaux à France Inter, le DJ Mosimann régale les auditeurs avec ses "tracks de rêve"

Le DJ franco-suisse Mosimann, en 2025.

Le DJ franco-suisse Mosimann, en 2025. - Samuel Bouverat

PORTRAIT - Mosimann est un homme affairé. Ancien gagnant de la Star Ac', le DJ et compositeur, très présent sur les réseaux sociaux, est chroniqueur sur France Inter depuis la rentrée. Rencontre - minutée - avec le Franco-Suisse de 37 ans.

Sa voix accompagne nos trajets en voiture, en train, à pied. Parfois, nos réveils difficiles. Ses textes, eux, nous bouleversent. Le billet de Mosimann, pépite poético-musicale, se déploie tout en douceur le mercredi matin à 8h55 sur les ondes de France Inter depuis la rentrée.

Nouvelle recrue de la première radio de France - peut-être la plus audacieuse de la Grande Matinale - le DJ franco-suisse de 37 ans associe, dans des récits personnels, deux univers musicaux très différents chaque semaine. Pour son premier "track de vos rêves", les Daft Punk rencontrent Vincent Delerm. Veridis Quo cogne La Vie La Mort L'Amour. Et le mix côtoie le sublime.

Grand admirateur de Vincent Delerm - "son premier disque faisait partie des seuls albums que j'avais à l'âge de quinze ans" -, l'artiste lui dédie donc sa première chronique. "Peut-être qu'Adèle Van Reeth - directrice de France Inter - m'a repéré quand j'en ai parlé avec passion cet été", confie-t-il, de son timbre grave, au téléphone. En juin dernier, son amour clamé pour La Vipère du Gabon, chanson du premier album de Vincent Delerm, en est devenu contagieux pour les auditeurs.

Mêler French Touch et variété française sonnait comme une évidence. Lui qui adolescent écoutait, entre autres, Ed Banger, Justice, Benjamin Biolay et Vincent Delerm donc. "C'est un peu ce que je suis", résume-t-il. Mosimann se trouve en effet au croisement de ces influences, partagé entre ses activités de DJ et de compositeur pour la nouvelle scène française - Louane, Suzane, Pierre Garnier, Claudio Capéo et Grand Corps Malade.

Zaz rencontre DJ Snake

Homme de la nuit - les tournées et les concerts se succèdent tout au long de l'année -, Mosimann s'adapte aux horaires de la matinale pour sa chronique. "Je pars à sept heures du matin pour arriver à la Maison de la Radio… ce qui est généralement l'heure à laquelle je me couche après avoir travaillé en studio", rit-il.

Qu'importe les contraintes, dans les locaux de la "radio qu'il écoute le plus", Mosimann est tout "heureux". "Ce qui m'excitait vraiment dans ce projet, c'était de pouvoir intellectualiser ce que je fais déjà sur les réseaux sociaux, et qui peut paraître parfois très frontal. Raconter chaque artiste et retranscrire un sentiment, ça me semblait passionnant."

Sa chronique sur France Inter est directement inspirée des "dream tracks" qu'il publie chaque lundi, depuis février 2024 et qui cumulent, au total, plus de 100 millions de vues. Le concept; une personnalité le met au défi de réaliser un remix à partir de références et de contraintes ubuesques - "un moteur de voiture", "je veux que Zaz rencontre DJ Snake", "SCH qui reprend Sheryfa Luna" - et Mosimann s'exécute. Le tout en seulement 2mn30. Il a déjà réalisé la "track" rêvée de Florent Manaudou, Craig David, Melha Bedia et Oulaya Amamra, Mélissa Theuriau…

"Mon préféré reste, sans hésitation, celui avec Alain Chabat, coupe-t-il. C'était le plus difficile mais aussi le plus satisfaisant." Son "idole d'enfance", Mosimann la rencontre sur le balcon d'un hôtel. Il lui parle de RRRrrrr!!!, du Burger Quiz, d'Astérix, tout ce qu'il admire chez lui. Avant de lui proposer un dream track avec toutes ces références. "Le problème, c'est qu'il y en avait tellement, lâche-t-il. Comment faire tenir tous ces univers en une minute? C'était un vrai casse-tête". Qu'il relève avec brio.

Avant la radio, les studios et les réseaux, le terrain de Mosimann reste la table de mixage. Seul enfant de sa famille à ne pas embrasser la restauration, il est un gamin "rêveur", "solitaire" et "pas très scolaire". Dans sa chambre, le jeune Genevois pianote, chante. Et se met à composer.

"Quand je 'crack' le logiciel Cubase, j'apprends le mix en autodidacte sur mon ordinateur et je me dis : 'c'est ce que je veux faire'."

En 2007, au sortir de l'adolescence, Mosimann est en résidence de DJ à Ibiza quand un casteur sauvage de la Star Academy le repère. Il hésite, veut refuser - "pas envie de passer pour un vendu auprès de mes potes" -, puis participe avant de remporter finalement la 7e édition. Et sa popularité explose. DJ underground, Quentin Mosimann devient alors un chanteur de variété, publie plusieurs morceaux et albums. Si sa carrière semble toute tracée, lui ne se reconnaît plus vraiment.

Du château à la table de mixage

Cette période télévisuelle, le trentenaire ne la regrette pas. Bien au contraire - lors de la reprise de la Star Academy en 2022, il en compose l'hymne, et participe à The Voice en Belgique en tant que coach. Mais, lâché à vingt ans dans l'arène musicale après le télé-crochet, il reconnaît avoir fait "plein d'erreurs". "C'est comme ça qu'on apprend, médite-t-il. Je faisais tantôt un projet pour la maison de disque, tantôt pour les fans, tantôt pour moi, mais jamais de manière cohérente. Et j'étais déçu du résultat."

Comment revenir à ses premières amours? Le musicien prend des risques, s'acharne. Il retrouve sa table de mixage, se lance à l'international - pour se détacher, peut-être, de la télé-réalité au château. "Je me suis réfugié dans le travail, j'ai tourné dans le monde entier avant de revenir en France - ça a pris dix ans", explique-t-il. Le pari se transforme en succès: Mosimann a été distingué six fois parmi les 100 meilleurs DJ du monde et parmi les 5 meilleurs français.

"Je suis fasciné par des artistes comme Angèle ou Zaho de Sagazan qui, très jeunes, savent exactement où ils vont et assument leur personnalité artistique. J'ai mis du temps à comprendre que la clef, c'était de me faire plaisir et d'être aligné avec moi-même."

Cette fois, Mosimann s'est peut-être trouvé. Et son rythme est devenu, par la même occasion, effréné: "Track le lundi. Chronique le mercredi. Remix le jeudi. Et entre tout ça, du temps en studio pour mes propres créations. Sans compter les festivals". Et sans compter les interviews - il n'a qu'une quinzaine de minutes à nous accorder avant de repartir travailler sur son prochain album. Ce dernier regroupera des "dream tracks" de plusieurs artistes - dont la liste n'est pas encore connue - et il défendra ses remix en tournée en 2026. Mosimann en parle le sourire aux lèvres, avec une pointe d'excitation dans la voix. "Franchement, tout ce que je vis, c'est un bonheur, dit-il. Je m'ennuie jamais!" On veut bien le croire.

Sophie Hienard