"TKT": Emilie Dequenne une dernière fois à l'écran dans un film sur le harcèlement scolaire

Un dernier rôle en guise d'hommage. Emportée le 16 mars dernier à l'âge de 43 ans par un cancer rare, Emilie Dequenne se retrouve une dernière fois à l'écran dans TKT, un drame belge de Solange Cicurel, en salles le 24 septembre. Elle y incarne la mère d'une adolescente (incarnée par Lanna de Palmaert) victime de harcèlement scolaire. Stéphane de Groodt y joue le père.
Le film raconte la déroute d'une famille après que la fille de 16 ans est admise dans une unité de soins intensifs. Les parents prennent conscience qu'ils auraient dû s'inquiéter plus tôt pour leur enfant. "Entre amitiés toxiques, isolement, messages, moqueries et humiliations, la vie d'Emma a rapidement basculé dans une spirale infernale", détaille le synopsis.
Un rôle qui tenait particulièrement à cœur à l'actrice césarisée, concernée par la thématique du harcèlement. "J’ai des enfants, donc ce sujet, pour moi, était immanquable. Et puis, j’ai moi-même été harcelée mais de manière très différente", confiait-elle au sujet de sa scolarité, dans une interview accordée au média belge La Libre plusieurs mois avant son décès. Et d'ajouter: Solange Cicurel a fait du harcèlement "quelque chose de presque divertissant, mais sans glamouriser le suicide chez les jeunes."
"Un film qui montre un système"
"Emilie Dequenne a découvert sa maladie une semaine après la fin de notre tournage (réalisé en juillet 2023). Donc sur le plateau, il lui arrivait d'avoir mal au ventre. On avait appelé le médecin. Elle prenait de l'ibuprofène et ça allait mieux, a quant à elle raconté à l'AFP la réalisatrice belge, qui signe ici son troisème long-métrage. Ça m'a démolie. Il n'y a pas une semaine où on ne s'appelait pas."
Et d'ajouter: "Je trouvais que c'était important de faire un film qui montre un système, comment le harcèlement dans les écoles se met en place, comment de petites choses qui semblent anodines deviennent des tsunamis dans la vie des victimes. [...] Il faut comprendre le phénomène pour pouvoir y mettre fin. Plus vous entrez dans le monde du harcèlement, plus vous vous rendez compte des dommages que ça cause, de la vitesse à laquelle ça va, du fait qu'il n'y a pas une école épargnée. C'est devenu un combat pour moi."
Révélée à 18 ans par son rôle dans Rosetta des frères Dardenne, qui lui avait valu un prix d'interprétation à Cannes en 1999, Emilie Dequenne a tourné dans une cinquantaine de films, dont La fille du RER (2009), À perdre la raison (2012), qui lui a valu un autre prix d'interprétation à Cannes dans la section Un certain regard, Pas son genre (2014) ou Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait, pour lequel elle a reçu un César du meilleur second rôle en 2021.