"Mickey 17": Bong Joon ho de retour 6 ans après "Parasite" avec une comédie de SF anti Elon Musk

Détail de l'affiche de "Mickey 17" de Bong Joon ho - Warner Bros. Pictures
Un retour particulièrement attendu. Six ans après le triomphe de Parasite, Oscar du meilleur film 2020, Bong Joon ho est de retour ce mercredi 5 mars avec Mickey 17. Une comédie de science-fiction avec Robert Pattinson qui tourne en dérision les ambitions spatiales d'Elon Musk et la politique expansionniste de Donald Trump.
Tourné en 2022, et repoussé à plusieurs reprises en raison de la grève de Hollywood et d'une longue post-production, Mickey 17 met en lumière la résistance des petites gens contre les puissants, à une époque d'autoritarisme rampant dans de nombreux pays, comme l'a décrit Bong Joon ho lors du dernier Festival de Berlin.
Héros pitoyable
Mickey 17 dresse le portrait d'un jeune magouilleur fauché, Mickey (Robert Pattinson). Après une embrouille avec un mafieux, il accepte d'être embauché comme cobaye d'un programme de clonage futuriste pour coloniser une nouvelle galaxie sur les ordres d'un milliardaire transhumaniste (Mark Ruffalo).
Mickey devient ainsi un "remplaçable": envoyé sur toutes les expériences et missions dangereuses (gaz toxiques, injonctions de vaccins expérimentaux), il peut être "réimprimé" grâce à une machine et ressusciter chaque fois qu'il meurt. La situation déraille lorsque le vaisseau se pose sur une planète gelée, peuplée de créatures.
Au fur et à mesure de ses vies successives, "mourir est une habitude" pour lui. "Mickey est un jeune homme vulnérable et quelque peu pitoyable, mais qui, malgré les nombreux défis auxquels il est confronté, finit par survivre sans être brisé", a expliqué Bong Joon ho lors d'une conférence de presse à Séoul.
Perdants ridicules
Si Mickey 17 ne ressemble pas à un film de science-fiction traditionnel, Bong Joon ho a voulu livrer un film spectaculaire et drôle "sur des perdants ridicules". "Ce n'est pas une grosse aventure spatiale où les gens se tirent dessus avec des lasers (...) Le film est plein de gens qui sont adorablement ridicules".
"Tout ce qui arrive à Mickey, sa situation et la manière dont il est traité dans le film sont politiques. Cela parle de la façon dont nous traitons et respectons un être humain", a-t-il encore commenté. Mickey 17 permet ainsi à Robert Pattinson de briller en modifiant sa posture, ses gestes et sa voix pour donner vie aux différentes versions de son rôle.
Ce rôle sied particulièrement à Robert Pattinson, devenu ces dernières années le spécialiste des rôles d'anti-héros, de Good Times à Tenet en passant The Lighthouse. "Je ne peux pas imaginer le film sans Rob", a-t-il déclaré au Guardian. "Je suis assez fier d'avoir pensé à lui pour ce rôle."
Satire de Trump
Alors que Parasite s'en prenait aux riches Séoulites et aux inégalités dans la société sud-coréenne, le méchant de Mickey 17 est un milliardaire narcissique qui rappelle à la fois le président américain Donald Trump et son encombrant collaborateur Elon Musk, l'homme le plus riche du monde.
Mais le film a été tourné bien avant le retour de Trump à la Maison Blanche. "Nous ne voulions pas qu'il soit quelqu'un en particulier", a déclaré à l'AFP Mark Ruffalo. "Nous avons vu ce type de leader à maintes reprises au cours du siècle dernier". Mais "trois ans plus tard, ce film est plus pertinent qu'il ne l'était lorsque nous l'avons tourné".
Mickey 17 sort alors qu'Elon Musk, patron de SpaceX qui rêve de voir coloniser Mars, a pris une place inédite aux côtés de Donald Trump. Le personnage de Mark Ruffalo, qui entretient son propre culte et caresse des rêves de toute puissance, fait penser aussi à lui. Mais aussi aux prophéties transhumanistes en vogue dans le milieu de la tech.
Humour débridé
Mickey 17 rappelle les précédents films anglo-saxons de Bong, Snowpiercer, adaptation d'une BD française de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, et Okja. Deux films empruntant eux aussi au genre de la SF, et déployant un sens de l'humour débridé, pour dénoncer les inégalités sociales et les rapports de domination qui en découlent.
De quoi satisfaire les critiques? Pour Télérama, Mickey 17 est "un film politique un peu foutraque, mais réjouissant". Avis partagé par Le Figaro qui loue "une fresque guerrière de science-fiction à double lecture", un "mordant pamphlet" plein "de dérision et de cynisme".
Son prochain film devrait, comme Mickey 17, surprendre une nouvelle le public. Bong Joon-ho, qui planche également sur un film coréen mêlant horreur et action, est déjà plongé dans la post-production de son prochain projet, un long-métrage d'animation sur un invertébré marin persuadé de souffrir d'une... hernie discale.