"Mektoub my love (Canto Due)": le film d'Abdellatif Kechiche a enfin une date de sortie

Éloigné des écrans depuis sept ans à la suite de plusieurs polémiques, le cinéaste sortira son dernier long-métrage le 3 décembre. Une suite de "Mektoub my love (Canto Uno)" vivement applaudie par la critique en août au Festival de Locarno.

Serait-ce une nouvelle chance pour le cinéaste? Après une traversée du désert de sept ans et des querelles à la pelle, Abdellatif Kechiche, va sortir la suite de Mektoub my love (Canto Uno) le 3 décembre. Le film, que beaucoup pensaient ne jamais voir en salles, a été présenté en août au Festival de Locarno où il a été encensé par la critique.

Abdellatif Kechiche, victime d'un AVC en mars, revient en effet de loin. Longtemps acclamé par la critique, couronné même d'une Palme d'or en 2013 pour La Vie d'Adèle, qu'il a partagée avec ses deux actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, le réalisateur franco-tunisien est tombé en disgrâce depuis qu'il a accumulé les polémiques au fil des années.

Une plainte pour "agression sexuelle" classée sans suite

C'est lors de la promotion de La Vie d'Adèle, histoire d'amour entre deux jeunes femmes, que les premières critiques à son sujet se sont fait entendre publiquement. Léa Seydoux a dénoncé des conditions de tournage "horribles" et des journées sans fin, tandis que sa partenaire de jeu, Adèle Exarchopoulos, dont c'était le premier grand rôle à 19 ans, a parlé de "dix journées entières à tourner" la très longue et très crue scène de sexe du film.

Blessé, Abdellatif Kechiche mettra cinq ans avant de revenir derrière la caméra en 2017 avec Mektoub, my love (Canto uno), le premier volet de sa trilogie librement adaptée du roman La Blessure, la vraie de François Bégaudeau. Celui-ci divise: une partie de la critique salue le geste de cinéma, tandis qu'une autre se lasse des plans filmés au plus près des corps, notamment féminins, largement jugés "objectifiants" et "sexualisants".

Peu après, en 2018, une femme de 29 ans a accusé le cinéaste d'agression sexuelle à la suite d'un dîner alcoolisé parisien. Abdellatif Kechiche a démenti et la plainte a été classée sans suite en mai 2020.

Pas de scène de sexe polémique

Entre-temps, en mai 2019, la projection du deuxième volet de la saga Mektoub my love, baptisé Intermezzo, a créé le scandale sur la Croisette. En cause? Une très longue scène de cunnilingus non simulée. La conférence de presse houleuse du film et le silence de son actrice principale Ophélie Bau, faisant douter de son consentement pour que les scènes de sexe soient diffusées, n'ont fait que renforcer le scepticisme autour de l'œuvre.

Le réalisateur, lui, a disparu de la circulation dans la foulée, et Intermezzo n'est jamais sorti en raison d'un conflit avec son distributeur, Pathé.

On pensait donc que son troisième chapitre, tourné en 2017 dans la continuité de Canto Uno, avec Ophélie Bau aux avant-postes, aurait droit au même destin. Mais, sélectionné en compétition au Festival de Cannes, Mektoub my love (Canto Due) a étonnamment enchanté la presse, se réjouissant que le cinéaste ait renoncé à ses scènes sexuelles polémiques.

Ophélie Bau a même fait le déplacement à Locarno pour présenter ce film, qui raconte les émois et les ébats de jeunes dans les années 1990. Elle est aussi revenue brièvement sur la brouille avec le réalisateur, affirmant qu'elle "venait en paix" au festival. De bon augure avant sa sortie.

Estelle Aubin