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Festival de Cannes

Cannes 2014: Sissako en larmes à l'évocation de son film "Timbuktu"

Abderrahmane Sissako lors de la conférence de presse de présentation de son film "Timbuktu", le 15 mai 2014.

Abderrahmane Sissako lors de la conférence de presse de présentation de son film "Timbuktu", le 15 mai 2014. - -

Abderrhamane Sissako, le réalisateur de Timbuktu, présenté jeudi en compétition officielle à Cannes, a été submergé par l'émotion lors de la conférence de presse.

Les conflits du monde et l'actualité s'invitent à Cannes jeudi, avec Timbuktu, film en compétition du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako.

Alors qu'il répondait, lors de la traditionnelle conférence de presse, aux questions des journalistes, le cinéaste a été soudain submergé par l'émotion, à l'évocation de ce qu'ont vécu les personnages de son film.
sont obligatoires pour les femmesAbderrahmane Sissako

"Les vrais courageux, c'est ceux qui ont vécu une réelle souffrance"

"Je pleure à la place des autres, de ceux qui ont vécu véritablement, qui ont eu une réelle souffrance, a expliqué le cinéaste. Après, on s'approprie tout, quand même. Tout revient à moi, à l'équipe, on devient ceux qui ont eu le courage de faire ce film, ceux qui sont forts. Mais les vrais courageux, c'est ceux qui ont vécu".

Timbuktu raconte l'arrivée des jihadistes dans un petit village du Mali, près de Tombouctou. Très vite ils interdisent les cigarettes et la musique, mais aussi le football. Chaussettes et voile sont obligatoires pour les femmes, ainsi que le port des gants. Ils leur imposent des mariages forcés. Le scénario est inspiré de ce qui s'est passé en 2012 au Mali, dont le Nord a été occupé pendant près d'un an par Aqmi et Ansar Dine.

Les jihadistes ont été délogés par les forces françaises début 2013 via l'opération Serval.

"La vraie libération, c'est ceux qui chantaient au quotidien dans leur tête"

"Tombouctou n'a pas été libéré par Serval. La vraie libération, c'est ceux qui chantaient au quotidien dans leur tête une musique qu'on leur avait interdite, ceux qui jouaient au foot sans ballon", a souligné Abderrahmane Sissako.

Un fait divers survenu au Mali a décidé le réalisateur à écrire "Timbuktu", tourné dans la ville-oasis mauritanienne de Oualata, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

"L'élément déclencheur a été la lapidation d'un couple non marié dans un village au Nord du Mali, a expliqué le réalisateur. Parce qu'on n'en a pas parlé, alors que quand un nouveau téléphone sort, la presse le filme. On devient indifférent à l'horreur si on ne fait pas attention", a-t-il lancé.

Magali Rangin avec AFP