Dix ans de prison requis contre le médecin généraliste accusé de viols sur des patientes dans le Val-d'Oise

Statue représentant la balance de la Justice. - Damien Meyer - AFP
Dix années de prison ont été requises, ce mercredi 15 octobre, contre un ancien médecin généraliste jugé par la cour criminelle du Val-d'Oise pour viols et agressions sexuelles de patientes dont il avait photographié les parties génitales.
La magistrate a débuté son réquisitoire en soulignant le "pouvoir exorbitant" conféré à chaque médecin "de regarder, de toucher, pénétrer les parties les plus intimes d'un corps". En outre, dans la "bulle de proximité" de son cabinet médical d'Ermont, Alexandre Ip a "privilégié son plaisir" et ainsi "il sacrifie ses patientes", assène l'avocate générale.
"Il ne s'agit pas d'un acte isolé ou un moment d'égarement (...), on est sur une période de prévention de dix années", a-t-elle rappelé dans son réquisitoire.
À la barre mardi, l'accusé de 63 ans a maladroitement promis aux victimes qu'il ne "ferait plus jamais ce genre de bêtises". Le président de la cour a estimé que ces séances de massage, imposées aux patientes sous un prétexte de médecine traditionnelle chinoise, "ressemblent plus à des séances de torture".
L'accusé a reconnu les faits
S'il reconnaît l'intégralité des faits, l'accusé n'a jamais expliqué pourquoi il a choisi d'"assouvir (ses) envies" sur ces patientes-ci, dont cinq se sont constituées partie civile.
Dans son réquisitoire, l'avocate générale a signalé qu'elles étaient "toutes des jeunes femmes fragilisées par la maladie, un vécu personnel". Les enquêteurs avaient également noté la ressemblance physique des victimes: même corpulence mince, de type méditerranéen, des femmes entre 20 et 25 ans ayant des longs cheveux bruns ou châtains.
C'est une plainte déposée en mai 2020 par une patiente de 20 ans qui permet la mise au jour de ces crimes. À la cour, elle a raconté avec une profonde émotion les aiguilles d'acupuncture qu'Alexandre Ip lui enfonçait dans ses parties intimes.
Ces gestes entraînaient des douleurs qui la faisaient hurler à chacune des séances, à raison de trois à quatre fois par semaine, mais qu'elle encaissait dans l'espoir de soulager sa maladie gastrique chronique. C'est de surprendre le médecin lui photographier son sexe qui lui fait finalement prendre conscience de l'anormalité de la situation et la fait se rendre au commissariat.
Des centaines de photos de femmes nues ou en sous-vêtements, ainsi que des gros plans de parties génitales féminines ont été retrouvées dans le téléphone de l'accusé. Les enquêteurs font alors le lien avec une précédente plainte déposée 10 ans plus tôt contre le médecin.
Une jeune patiente avait dénoncé avoir similairement surpris le généraliste en train de prendre une photo de ses parties génitales. En 2010, cette plainte avait été classée sans suite. La cour rendra sa décision dans la journée.