Transports franciliens: début des contrôles massifs dans les secteurs où les usagers fraudent le plus

Réduire drastiquement les pertes financières liées à la fraude. C'est l'objectif du plan de contrôles massifs qui débute dans les transports d'Île-de-France ce lundi 17 février. Île-de-France Mobilités (IDFM), gestionnaire du réseau de transport régional, estime que son manque à gagner annuel s'élève à 700 millions d'euros chaque année et ambitionne de faire diminuer cette somme de moitié d'ici fin 2025.
Environ 500 agents vont ainsi être exclusivement mobilisés sur les réseaux de la RATP et de la SNCF au niveau des stations et lignes au niveau desquelles les usagers ont le plus tendance à emprunter un métro, RER, tram ou bus sans être en règle. Selon Le Parisien, la RATP employait 1.250 agents dédiés au contrôle en 2016. Il s'agit du chiffre le plus récent sur ces effectifs.
En 2020, la Cour des comptes jugeait que la lutte contre la fraude dans les transports franciliens constituaient un "échec collectif".
Certains secteurs particulièrement visés
L'idée est de "se mettre sur une ligne (...) et de venir toute la journée, tous les jours pendant plusieurs jours" et ce "tous les deux, trois mois" pour que, sur le long terme, les contrevenants se résolvent à payer, détaille ce lundi sur BFMTV Laurent Prost, directeur général d'IDFM.
De manière générale, le taux de fraude est de 4,8% dans les RER et métros, de 15% dans les bus et de 16% sur les trams, selon une étude d'IDFM publiée vendredi. Mais des secteurs présentant un taux de fraude plus élevé ont été effectivement identifiés.
Dans le métro, le taux de fraude est en effet plus important que la moyenne sur les lignes 4, 12 et 13 du métro, avec des taux de fraude dépassant même les 15% aux stations Château Rouge sur la ligne 4 (17,3% de fraude) ou les stations Aimé Césaire et Porte de la Chapelle sur la ligne 12. Côté RER/Transilien, les lignes B, H et D sont les plus concernées, avec des taux autour de 12%.
Au niveau du réseau de trams, les lignes T1 et T5 en banlieue nord de Paris font l'objet d'un taux de fraude de respectivement 25 et 24%. Sur les lignes de bus où les usagers paient le moins leur ticket, en Seine-Saint-Denis et en Essonne, les taux de fraude dépassent les 40%.
La fraude est plus répandue dans les secteurs pauvres
À l'image des conclusions de plusieurs travaux universitaires, les taux de fraude en Île-de-France sont corrélés à des bassins de vie franciliens où les populations sont généralement plus pauvres que la moyenne. "C'est pas facile pour tout le monde. Il y en a qui veulent payer mais qui peuvent pas, c'est tout", explique à BFMTV un usager du RER à la sortie de la gare de Juvisy (Essonne) ce lundi matin.
Pour d'autres usagers, la fraude n'est pas une nécessité mais un moyen de faire quelques économies occasionnellement: "Dans certaines stations de métro, là je me permets parfois et la chance a toujours été avec moi: j'ai jamais payé d'amende!", explique Kera, rencontrée par BFM Paris Île-de-France à la station Château Rouge.
Si les autorités parviennent à transformer la moitié de la fraude en trajets payés, IDFM disposera d'un manne financière équivalent à l'achat d'au moins 500 bus ou à la création d'une ligne de tram.
D'ici à cet été, les contrôleurs bénéficieront d'un nouvel outil: la possibilité de consulter en temps réel l'adresse des contrevenants.