Transports en Île-de-France: des élus montent au créneau contre l'ouverture à la concurrence

Des bus de la RATP stationnés dans un dépôt près de Paris (photo d'illustration) - Ludovic MARIN / AFP
"Il y a urgence à surseoir à cette aventure coûteuse." Plusieurs élus franciliens de gauche et de la majorité présidentielle font savoir, dans La Tribune, qu'ils sont favorables à la suspension du processus de mise en concurrence des transports en commun.
Parmi les signataires de cette tribune, des députés Renaissance dont le président de la commission des lois Sacha Houlié et Guillaume Vuilletet, député du Val-d'Oise et rapporteur de la loi olympique.
À l'horizon d'une ouverture à la concurrence par Île-de-France Mobilités en 2025, les élus déclarent que cette "mise en concurrence - ou privatisation de l'exploitation des lignes de bus RATP - n'est pas prête". Ils réclament de rediscuter le calendrier de cette privatisation.
"Des éléments stratégiques tant du point de vue organisationnels, réglementaires ou sociaux ne sont pas réglés et ne le seront pas avant 2025", écrivent-ils.
La crainte d'"un plan social d'ampleur"
Parmi les zones d'ombres à éclaircir, le transfert des personnels RATP vers les opérateurs privés. Selon eux, le maintien des salaires de ces agents transférés "n'est en rien garanti, ni en montant, ni dans la durée", ainsi "il est fort probable que l'on assiste à un renforcement de la pénurie d'une main-d'œuvre faisant déjà, aujourd'hui, cruellement défaut".
Cette pénurie de main-d'oeuvre tomberait juste avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. D'autant plus que les signataires redoutent un "plan social d'ampleur".
"Les agentes et agents concernés devraient être informés de leur reprise, ou non, quelques jours avant l'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cela nous préoccupe fortement, pour les personnels, pour le fonctionnement quotidien du réseau, avant, pendant et après les Jeux", écrivent-ils.
Une consultation publique
Les signataires pointent également du doigt le fait qu'Île-de-France Mobilités ne puissent pas mobiliser 4,9 milliards, montant du rachat des biens de la RATP "nécessaires à l'exploitation du réseau de bus". Cette somme pourrait être obtenue, "sauf à réduire les investissements sur l'existant, sur le matériel roulant et à arrêter certains projets", s'inquiètent-ils.
Ils réclament une consultation publique pour les usagers et les salariés des transports franciliens.
"On ne peut pas jouer aux dés l'avenir de la région Île-de-France, sa qualité de vie, son attractivité et son rayonnement alors même que le monde entier aura les yeux braqués sur elle", somment-ils.
Cette tribune est publiée quelques jours après la lettre d'élus de l'opposition à la région à Valérie Pécresse. Dans ce courrier, les groupes de gauche demandent la création d'une mission d'information et d'évaluation (MIE) afin d'estimer les risques économiques pour la région.