250 élus franciliens demandent à la Première ministre d'abandonner la privatisation des transports

Un bus de la RATP (illustration). - ERIC PIERMONT / AFP
Dans une lettre ouverte publiée ce lundi et adressée à la Première ministre, plus de 250 élus franciliens, dont Anne Hidalgo, demandent l'abandon du processus de privatisation engagé dans les transports en commun d'Île-de-France.
Conditions de travail dégradées
Les signataires demandent à Élisabeth Borne d'intervenir auprès de la présidente d'Île-de-France mobilités, Valérie Pécresse, qui "a souhaité l’ouverture au secteur privé des lignes de bus aujourd’hui exploitées par la RATP, sans consultation des usagères et usagers", écrivent-ils.
Les élus dénoncent la "dégradation sensible des conditions de travail des personnels" liée à ce processus avec la transformation des contrats de travail de droit public en droit privé et "en cas de refus, ces personnels seront licenciés".
"Il est à craindre des pertes de rémunération au regard de l’objectif réaffirmé par Valérie Pécresse de réaliser des économies", s'inquiètent également les élus franciliens dans leur lettre ouverte.
Selon eux, la dégradation des conditions de travail aura également pour conséquence "un risque de répercussion immédiate sur la qualité de l’offre de transport" pour les usagers des bus franciliens.
Les élus pointent du doigt ce processus comme étant en partie à l'origine de "la pénurie historique de conductrices et de conducteurs enregistrée avec une plus forte intensité en Île-de-France".
"Il est possible et même urgent selon nous de surseoir la privatisation des transports d’Île-de-France. Il s’agit de la condition sine qua non pour sauvegarder le réseau de transports francilien", plaident les élus auprès d'Élisabeth Borne.
Un choix "dangereux voire fou"
Ils s'appuient également sur les difficultés rencontrées fin 2022 par Île-de-France mobilités pour boucler son budget avec une aide obtenue de justesse de la part de l'État et une hausse des tarifs du Navigo et des tickets de métro.
"Il nous apparaît dangereux voire fou de venir davantage déstabiliser le système de transports franciliens par une privatisation gourmande en termes d’investissements", soulignes les élus. Selon eux, pour permettre la privatisation du réseau de bus, un investissement de 4,9 milliards d'euros est nécessaire afin de racheter à la RATP les véhicules et les différents biens lui appartenant.
"Nous craignons que ces investissements se fassent au détriment de la modernisation de l’existant et empêchent l’indispensable développement du réseau à l’heure de l’urgence climatique", ajoutent-ils.
Parmi les signataires figurent notamment la maire de Paris, Anne Hidalgo, Stéphane Troussel, le président du département de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, députée LFI et de nombreux conseillers départementaux, régionaux ou encore sénateurs.
Valérie Pécresse "défavorable" au report
Dans une réaction transmise par l'entourage de Valérie Pécresse à l'AFP, la présidente d'Île-de-France mobilités indique rester "défavorable par principe au report de l'ouverture à la concurrence" qui serait "injuste pour les voyageurs".
"C'est se priver d'une meilleure qualité de service dans Paris. La concurrence, c'est bon pour les clients", affirme-t-elle.
Sur le plan social, Île-de-France mobilités a préparé "un cahier des exigences sociales unique en Europe pour rassurer les agents et leur garantir que la concurrence ne se ferait pas au détriment de la qualité de vie au travail", rappelle aussi l'entourage de la présidente.