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TOUT COMPRENDRE. IGPN saisie, versions contradictoires... Que s'est-il passé lors de l'interpellation de Souleyman A. à Paris?

Des manifestants s'opposent aux forces de l'ordre ce vendredi 14 avril à Paris.

Des manifestants s'opposent aux forces de l'ordre ce vendredi 14 avril à Paris. - JULIEN DE ROSA / AFP

Le jeune homme, qui avait dénoncé en mars des propos violents de la Brav-M, a été interpellé lors d'une manifestation parisienne vendredi. La procédure contre lui a été classée sans suite, et l'IGPN, saisie. L'étudiant et son avocat soutiennent que des policiers en civil ont incité des manifestants à commettre des dégradations.

138 personnes ont été interpellées vendredi soir, lors d'une manifestation parisienne organisée après la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Parmi elles, Souleyman A., qui avait dénoncé en mars des propos violents et racistes de membres de la Brav-M.

Au lendemain de sa libération et du classement sans suite de la procédure, deux versions contradictoires s'affrontent. La police affirme que Souleyman A. se trouvait en compagnie de deux hommes qui tentaient d'incendier une poubelle. Le jeune étudiant assure quant à lui que des policiers en civil les ont incités à commettre ces dégradations. Explications.

• Une garde à vue de plus de 24h

L'homme âgé de 23 ans a été arrêté rue du Chevalier-de-Saint-George, dans le 8e arrondissement de Paris, au niveau de la place de la Concorde, pour "destruction de biens par moyen dangereux pour autrui, en réunion".

Il se trouvait à proximité de deux autres individus qui s'apprêtaient à incendier une poubelle lorsqu'il a été interpellé, notamment parce qu'il détenait un briquet. Les trois hommes ont alors été placés en garde à vue.

• Deux versions contradictoires

Depuis, deux versions contradictoires s'affrontent. La police affirme que Souleyman A. se trouvait en compagnie des deux hommes et qu'il faisait le guet, ce qui ferait de lui un complice.

Dans leur synthèse, les policiers avancent que Souleyman A. et deux autres personnes leur ont proposé d'allumer des feux de poubelles en sortant de la station Concorde. Toujours selon leur version, les deux autres manifestants se seraient alors dissimulé le visage avant de passer à l'action. Les policiers les auraient donc suivis pour les prendre en flagrant délit. Deux pots de gel hydroalcoolique, un briquet, une cagoule et un masque de plongée auraient été saisis.

Souleyman A. assure, de son côté, que des policiers en civil les auraient incités à commettre ces dégradations. Au moment où ils seraient passés à l'acte, les policiers auraient sorti leur téléphone, auraient filmé la scène et procédé à leur arrestation.

• La procédure classée sans suite

La procédure contre Souleyman A. a été classée sans suite, l'infraction n'étant pas suffisamment caractérisée, a appris BFMTV auprès du parquet de Paris ce dimanche soir.

Concernant les deux autres manifestants, celui accusé d'avoir mis le feu à la poubelle sera jugé en comparution immédiate ce lundi. Le troisième sera présenté à un délégué du procureur pour une alternative aux poursuites.

• L'IGPN saisie

Au lendemain de la libération de Souleyman A., son avocat Me Arié Alimi a annoncé sur BFMTV saisir l'IGPN. Il souhaite ainsi obtenir les vidéos de la scène et faire la lumière sur les faits.

"Nous allons à nouveau saisir l'IGPN pour avoir les vidéos des fonctionnaires de police à la sortie du métro, annonce-t-il. Déjà, on va voir s'ils ont des brassards ou pas, leur cheminement et comment ils sollicitent les manifestants pour aller brûler des poubelles."

"On a déjà des éléments qui montrent qu'ils se sont, d'un point de vue juridique, peut-être rendus complices de ces feux de poubelles, déclare Me Arié Alimi. On a une question, celle de savoir si c'est une pratique qui est habituelle de voir des policiers participer ou provoquer des incendies de poubelles."

Le 20 mars, Souleyman A. avait été interpellé avec six autres manifestants par des membres de la Brav-M en marge d'une manifestation. Un enregistrement de leurs échanges avec les forces de l'ordre avait par la suite été diffusé par plusieurs médias.

Le jeune homme avait dénoncé au micro de BFMTV des insultes à caractère raciste et une agression sexuelle à son égard, mais aussi des insultes et violences envers des manifestants. Il avait déposé une plainte, tout comme une autre personne interpellée.

Vincent Vantighem et S. B.