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TOUT COMPRENDRE - Comment la ville de Paris veut transformer le périphérique en "ceinture verte"

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Dans ce plan de transformation du périphérique, un important effort de végétalisation est prévu. Au total, 50.000 arbres seront plantés.

"Une infrastructure essentielle". À l'occasion d'une conférence de presse organisée ce mercredi, la Ville de Paris a détaillé son plan de transformation du boulevard périphérique.

L'objectif est notamment d'améliorer la qualité de vie des 500.000 personnes, qui vivent autour, "en cherchant à faire baisser les pollutions sonores et atmosphériques" a insisté la maire de Paris, Anne Hidalgo, en introduction de cette conférence.

•2x3 voies sur l'ensemble du périphérique

Pour changer la donne, la maire et les différents élus participant à ce projet s'attaquent à la circulation sur le périphérique. À l'horizon 2024 pour les Jeux olympiques, une voie réservée aux participants doit voir le jour. La mairie de Paris souhaite ensuite péréniser l'usage de cette voie pour la réserver au covoiturage, aux bus et aux taxis, "pour encourager les nouveaux usages", précise le communiqué de presse. Mais la municipalité va encore plus loin.

"Notre objectif est 2x3 voies sur l'ensemble de l'infrastructure avec cette fameuse voie olympique qui va être la pierre première de l'héritage [des Jeux olympiques et paralympiques], explique lors de cette conférence, David Belliard, adjoint EELV à la mairie de Paris, en charge des mobilités. Nous avons besoin des JO pour accélérer la transition (...) Nous souhaitons aller vers un usager plus vertueux de la voiture."

Le plan prévoit en effet une "homogénéisation du nombre de files: 2X3 voies incluant la voie héritée des Jeux olympiques et paralympiques". Concrètement, à certains endroits, le nombre de voies sera réduit comme on peut le voir sur le dessin ci-dessous représentant l'évolution voulue pour la porte d'Asnières. D'après ce plan, à l'horizon 2030, la circulation se fera de chaque côte sur deux voies, auxquelles s'ajoutent en intérieur et en extérieur une voie de covoiturage et de bus.

L'évolution voulue pour la porte d'Asnières.
L'évolution voulue pour la porte d'Asnières. © Ville de Paris

•Réaménagement des portes d’entrée

Pour en arriver à ce plan, des étapes de concertation ont eu lieu en 2018 et en 2019. Elles ont permis de déterminer les "grands enjeux de cette transformation". "Dès la première réunion, on a dit: 'il faut transformer les portes en place'", indique la maire de Paris. La transformation des portes constituera la première phase "d'effacement de la frontière parisienne".

Quatre portes ont déjà été transformées et cinq autres devraient l'être, d'ici 2024. Certaines sont actuellement en phase de transformation, comme celle de Saint-Ouen ou celle de Clignancourt.

Aubervilliers, La Villette, Bagnolet... De nombreuses places vont être transformées entre 2024 et 2030. D'autres, comme celles de Saint-Ouen, Clignancourt, Montreuil, Orléans, Allée Paris-Ivry, Quai d'Ivry, Quai d'Issy, sont actuellement en seconde phase de transformation.

•Plantation massive d’arbres

Un autre aspect de ce plan prévoit un important effort de végétalisation. "L'action de végétalisation du périphérique est bien évidemment centrale ici, pour passer de la ceinture grise à la ceinture verte", déclare Christophe Najdovski, adjoint à la mairie de Paris en charge de la végétalisation.

Pour rappel, sur les 500.000 personnes qui vivent autour du périphérique: "130.000 respirent un air de très mauvaise qualité et 144.000 subissent un bruit routier supérieur aux valeurs limites qui sont fixées dans le code de l'environnement dans Paris intra muros", a rappelé Anne Hidalgo qui estime que la végétalisation est "un levier pour transformer tout ce territoire".

"La végétalisation est aussi un moyen d'atténuer les effets de cette infrastructure", a ajouté, de son côté, Christophe Najdovski.

La mairie prévoit une plus grande végétalisation avec des plantations sur les talus, le terre-plein central, les bretelles et à terme sur certaines voies latérales. Au total, près de 50.000 arbres seront plantés, 18.000 ont déjà été plantés entre 2020 et mai 2022. En visuel ci-dessous, voici comment pourrait être végétalisée le périphérique du côté de Gentilly.

Le plan de réaménagement du périphérique à hauteur de Gentilly.
Le plan de réaménagement du périphérique à hauteur de Gentilly. © Mairie de Paris

•Pas de remise en question de la vitesse

Quid de l'abaissement de la vitesse. Si le programme d'Anne Hidalgo prévoyait en 2020 que le périphérique parisien soit limité à 50km/h, contre 70 actuellement, il semblerait que la Ville ait fait machine arrière sur ce point.

"La question de la vitesse n’est pas le sujet aujourd’hui", indique, dans ce sens, Anne Hidalgo.

"Ce n'est plus du tout à l’ordre du jour, ajoute au micro de BFM Paris, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris. Pour une raison très simple, la maire de Paris a la conviction que si vous rentrez dans le sujet avec la limitation de vitesse, assez naturellement les gens se disent: 'en fait, ils veulent juste nous emmerder'. Ce qu'on veut nous, c'est faire la pédagogie du sens, on considère que la question de la vitesse sera traitée plus tard, en cohérence avec ce qui est fait. Faisons d'abord et adaptons la vitesse ensuite."

•Un projet en lien avec les villes voisines

L'heure est à la concertation, car il va falloir faire accepter la transformation du périphérique en boulevard urbain, au million d'automobilistes qui l'empruntent chaque jour. Etaient présents également ce mercredi à la conférence de presse plusieurs maires de communes limitrophes, associées au projet: les maires de Vanves, des Lilas, du Pré-Saint-Gervais, de Saint-Ouen ou encore de Montreuil.

"Si nous n'agissons pas nous allons crever", résume le maire de Montreuil Patrice Bessac.

Les maires de ces villes voisines ont évoqué la "fracture" créée par le périphérique entre leurs communes et la capitale.

Une phase de dialogue s'ouvrira d'ailleurs au mois de septembre avec des associations d'usagers de la route. De 2022 à 2024, une consultation du Conseil de Paris et des collectivités, en lien avec l'Etat sera lancée.

•Il faudra un accord de la préfecture

Il faudra aussi que le projet soit accepté par l'État. Le face-à-face s'annonce déjà épineux avec le préfet de Paris qui a déjà émis des réserves sur ces transformations à venir. Dans un communiqué, il rappelle par ailleurs que pour réaménager le périphérique, la mairie de Paris devra obtenir son accord.

Selon la règlementation qui s'applique au périphérique, "le maire de Paris est tenu de communiquer au préfet de police, avant leur mise en oeuvre, les projets de modification des caractéristiques de ces voies et toutes mesures susceptibles de rendre ces routes impropres à leur destination", précise encore la préfecture de police.

Et d'insister: "le boulevard périphérique est un axe structurant pour le réseau francilien qui ne peut s'assimiler aux autres voies parisiennes eu égard aux enjeux franciliens, nationaux et internationaux".

•Un projet déjà critiqué par la région

A peine présenté, le projet suscite par ailleurs des critiques de la région, dirigée par Valérie Pécresse.

"La ville de Paris ne peut s'entêter faire cavalier seul à aucun moment évaluer les conséquences d'un rétrécissement définitif du périphérique sans solutions alternatives crédibles pour les déplacements en Ile-de-France", indique la région Ile-de-France dands un communiqué.

"L'avenir du périphérique n'appartient pas à la ville de Paris mais aux Franciliens et au plus d'1 million d'usagers, français ou étrangers, qui l'empruntent chaque jour", poursuit la collectivitée. La région rappelle également le résultat d'un référendum organisé à son initiative en novembre dernier: "Plus de 90% des Franciliens étaient contre la suppression d'une voie de circulation pour tous".

Cette consultation avait néanmoins fait l'objet d'un recours de la mairie de Paris qui reprochait à la région ce scrutin illégal. La mairie avait à cette occasion rappelé que la région n'a pas compétence pour agir sur le périphérique.

Ce mardi, la région appelle à ce qu'une "vraie concertation soit enfin organisée sur l'avenir de ce projet incluant toutes les personnes concernées, usagers et riverains, milieux économiques et associations, sur la base d'une étude d'impact complète et sincère".

Solenne Bertrand et Alexia Elizabeth