Saint-Denis: une association venant en aide aux mères isolées va-t-elle devoir quitter son local?

"Aidez-nous à sauver MaMaMa". L'association MaMaMa, créée en pleine crise sanitaire pendant le premier confinement en 2020, vient en aide aux mères isolées et leurs nourrissons.
Basée dans un local de 1200m2 à Saint-Denis (93), l'association est à ce jour en péril. Elle a reçu l'ordre de quitter les lieux par la municipalité. MaMaMa appelle au soutien sur ses réseaux sociaux afin de poursuivre sa mission.
"Les seules à proposer ces colis d'urgence pour bébés"
L'association permet aux mères isolées de bénéficier de tous les besoins essentiels pour un enfant en bas âge: nourriture, couches, vêtements, biberons... Elle fournit également des équipements pour les femmes, comme des protections menstruelles ou encore des produits d'hygiène.
Dans un communiqué publié mercredi, elle affirme avoir aidé 70.000 femmes et enfants et redistribué plus de 4,7 millions d'euros de produits en deux ans.
"Nous sommes les seules à proposer ces colis d'urgence pour bébés et femmes isolées", précise MaMaMa.
En désaccord avec la convention d'occupation temporaire
Si la mairie de Saint-Denis a ordonné à l'association de quitter les lieux, c'est parce que cette dernière refuse de signer la dernière convention d'occupation temporaire envoyée fin 2021 par la municipalité. Dans celle-ci, il est notamment exigé de payer un loyer de 14.000 euros pour conserver l'intégralité du logement.
L'association est d'accord pour régler ce montant, mais elle pointe du doigt d'autres clauses de la convention pour lesquelles elle souhaite des modifications. Par exemple, elle est contre le fait de limiter l'accueil dans les locaux à seulement trois familles, contre quatre à cinq actuellement.
"S'il y a un huisser qui vient et qui se rend compte qu'il y a quatre familles en même temps dans les locaux et que c'était marqué trois dans la convention, ils peuvent nous expulser sous 15 jours sans recours judiciaire", dénonce la chargée de projet de l'association Coline Vigot.
Pour elle, "ce n'est pas seulement une question d'argent. Même si on accepte de payer, ils ne veulent pas vraiment de nous ici". Pour les bénéficiaires, cette décision prise par la municipalité est un crève-coeur.
"Grâce à MaMaMa, mes enfants ont des habits propres, des couches, du lait, des tétines, et même des poussettes", explique une maman au micro de BFM Paris-Île-de-France.
Une autre déclare que toutes "les dames d'Île-de-France" viennent ici, à Saint-Denis. Grâce à son appel à l'aide, MaMaMa a reçu une vague de soutien sur les réseaux sociaux.
L'expulsion revue au 1er septembre
Après la médiatisation de l'affaire sur les réseaux sociaux, la mairie de Saint-Denis se dit victime d'une campagne de dénigrement. Elle souligne avoir tout tenté pour trouver un arrangement avec l'association.
"Depuis six mois, elle repousse sans cesse la date de signature avec des raisons différentes. Encore une fois, c'est un local de stockage pour préparer les colis alimentaires pour les familles. On a aussi un souci d'équité, de traiter toutes les associations caricatives de la même manière", justifie la maire adjointe à la solidarité et aux droits des femmes à la mairie de Saint-Denis Oriane Filhol.
Si MaMaMa avait initialement reçu l'ordre de quitter les lieux mardi prochain, la mairie s'est engagée à ne pas expulser l'association avant le 1er septembre.