"Rien n'a changé": les riverains toujours désemparés face aux consommateurs de crack dans le nord de Paris

Un toxicomane prépare une pipe de crack, le 2 décembre 2020 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP
Déambulations de toxicomanes, consommation de crack en pleine rue... Ces scènes sont toujours le quotidien de certains habitants de la capitale et des communes voisines. Dans le 19e arrondissement de Paris, Stéphanie Benoist, l'une des riveraines, assure encore constater des nuisances liées au crack.
"C'est des scènes de consommation à ciel ouvert, de la mendicité agressive", détaille-t-elle au micro de BFM Paris.
"C'est invivable"
Il y a près de quatre mois, le 24 septembre dernier, une centaine de toxicomanes avaient été évacués des secteurs des jardins d'Éole et de Stalingrad, face à la dégradation de la situation dans ce quartier et à la colère des riverains. Ils avaient été déplacés à proximité de la porte de la Villette dans le 19e arrondissement. Mais depuis cette évacuation, Tarak Sassi, fondateur du collectif "Paris anti-crack", estime que "rien n'a changé".
"C'est invivable, c'est une violence, c'est de l'exhibition, c'est des gens qui défèquent n'importe où", dénonce-t-il.
Le déplacement des toxicomanes porte de la Villette avait été qualifié de "solution temporaire" par la préfecture de police en septembre dernier. Aujourd'hui, un square situé dans ce quartier du 19e arrondissement, est devenu un point de regroupement de consommateurs de crack.
"Rien ne bouge, les crackers, de jour en jour, ils augmentent. Là aujourd'hui, ils sont 500, à la fin du mois, au début du mois de février, ils seront 600-700", s'emporte Mohamed Bader, l'un des riverains de la porte de la Villette au micro de BFM Paris.
Les associations ainsi que les professionnels de santé veulent la mise en place de solutions pérennes pour accueillir les toxicomanes. En septembre dernier, le Premier ministre avait donné son autorisation pour l'ouverture de nouveaux sites d'accueil des consommateurs, notamment dans le quartier des Grands Boulevards.
Certains collectifs estiment que l'ouverture de nouveaux centres de repos et d'accueil dans la région est la solution pour endiguer la consommation de crack.
"Dans ce cas-là, on sera en mesure de créer un maillage, un réseau à l'échelle parisienne et francilienne de dispositifs de prise en charge qui vont sortir les gens de la rue", soutient Charles Merlin, membre du collectif "Mieux agir contre le crack" au micro de BFM Paris.
Au gouvernernement "d'agir"
En 2019, un "plan crack" avait été mis en place par la mairie de Paris avec une enveloppe de 9 millions d'euros originellement prévue pour lutter contre ce fléau dans la capitale. En fin d'année dernière, la Chambre régionale des comptes avait fait le bilan de ce dispositif jugé, selon elle, "dépassé". 25 millions d'euros avaient finalement été dépensés dans le cadre de ce plan. Selon la Chambre régionale des comptes, les résultats n'avaient pas eu d'effet "sur les atteintes à la tranquillité publique".
Aujourd'hui, certaines associations souhaitent que l'Etat s'occupe directement de la question du crack à Paris. En octobre dernier, une lettre signée par des riverains du secteur de porte de la Villette, notamment de Seine-Saint-Denis, avait été remise au Premier ministre pour demander une nouvelle évacuation des toxicomanes.
"C'est une problématique sociale, c'est le gouvernement qui est compétent et donc, c'est à lui d'agir pour prendre en charge ces usagers de crack et éviter qu'ils ne créent un désordre public", juge Bechir Saket, fondateur et porte-parole du collectif L630.
Le député (LaREM) du 19e arrondissement de Paris Mounir Mahjoubi, aurait laissé entendre auprès des habitants, qu'un déplacement du préfet de police est prévu prochainement porte de la Villette.