Pourra-t-on se baigner dans la Seine en 2024?

En 1988, Jacques Chirac, alors maire de Paris, promettait de se baigner dans la Seine. Plus de 30 ans plus tard, cette promesse n'est toujours pas d'actualité. Mais les Jeux olympiques de 2024 se rapprochent et la mairie entend bien tenir les épreuves de nage en eau libre dans le fleuve.
Un défi sanitaire qui ne semble plus aussi irréalisable qu'il y a quelques années. Si la Seine n'est pas encore suffisamment propre pour accueillir des baigneurs, elle s'est grandement assainie.
Le retour des poissons, un bon signe
Sur les bords de Seine, les pêcheurs parisiens attrapent de plus en plus de poissons. Un signe que la pollution diminue dans le fleuve, explique à BFM Paris Bill François, membre de l'association Les Pêcheurs de Paris:
"Ça, c'est un poisson qui avait totalement disparu il y a trente ans", assure-t-il en montrant sa pêche du jour. "Grâce à nos efforts d'amélioroation du milieu aquatique, il y en a de plus en plus, et de très beaux spécimens."
L'amélioration de la qualité de l'eau de la Seine permet donc le retour "d'espèces qu'on appelle 'bio-indicatrices', poursuit le pêcheur, comme par exemple le chabot, qui vont être présentes dans l'eau pour témoigner de sa qualité". Vice-versa, "ça permet aussi de repérer les pollutions" de la Seine, "quand ces espèces disparaissent", conclut Bill François.
Des analyses encourageantes
Le Syndicat indépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, chargé de surveiller la qualité de l'eau de la Seine, tire le même constat que les pêcheurs de Paris. Des prévélements sont régulièrement effectués sur la dizaine de stations de mesures présentes tout au long du fleuve dans la région, et les résultats de ces analyses sont encourageants.
"Nos filières de traitement sont déjà très efficaces vis-à-vis des bactéries fécales", détaille à BFM Paris Vincent Rocher, directeur innovation du Siapp. "Elles permettent de diviser par mille leur concentration entre l'entrée et la sortie."
"Aujourd'hui, par temps sec, lorsqu'il ne pleut pas, on est déjà à des qualités qui permettent la baignade dans nos rivières", poursuit-il.
Par temps sec, car quand il pleut, les eaux de ruissellement qui se jettent dans la Seine sont polluées. Des travaux de modernisation des stations d’épuration doivent permettre de traiter encore plus efficacement l’eau, grâce aux ultraviolets notamment, et ainsi rendre possible la baignade dans le fleuve d'ici 2024.
300 millions d'euros investis
"300 millions d'euros sont investis aux côtés des collectivités pour moderniser nos réseaux d'eau et garantir la qualité et l'accessibilité de cette ressource", a indiqué ce jeudi la ministre de l'Ecologie Barbara Pompili, en ouverture du Comité de pilotage qualité de l'eau et baignade.
Les JO constituent en tout cas une opportunité d'accélérer ce projet. Mais après 2024, l'objectif est bien qu'au-delà des athlètes, les Parisiens puissent profiter de la baignade dans le fleuve. A terme, le projet est d'ouvrir cinq sites de baignade dans la capitale et 23 en tout dans la métropole à partir de 2025.