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Pénurie de carburant: quel impact sur les bouchons en Île-de-France?

Une file d'attente devant une station essence.

Une file d'attente devant une station essence. - BFMTV

Alors que les stations-service peinent à s'approvisionner et que les files s'allongent depuis plusieurs jours, la congestion sur les routes a entamé une décrue ce week-end.

Impossible de les manquer. Les files d'attente à la pompe n'ont de cesse de grossir en France, conséquence directe des grèves qui perturbent l'activité des raffineries depuis plus de deux semaines, des remises attractives dans les stations TotalEnergies et du vent de panique qui semble traverser les automobilistes.

L'Île-de-France n'est évidemment pas en reste. Elle constitue même l'une des régions les plus touchées avec les Hauts-de-France.

Assez logiquement, la peur du réservoir vide a entraîné un accroissement des navigations vers les stations-service. Selon les données communiquées par Waze à BFMTV.com, le nombre d'automobilistes ayant indiqué à leur application vouloir se rendre à la pompe a bondi de 149% à Paris depuis le 27 septembre. A l'échelle de la région, le week-end dernier la fréquentation vers les stations a atteint 140%.

Explosion, puis chute des bouchons

Reste une question: cette crise d'approvisionnement pousse-t-elle davantage les Franciliens à laisser leur voiture au garage ou plutôt à prendre le volant et à se mettre en quête d'essence?

Selon les données de Waze, deux périodes sont à distinguer. Entre le début de la crise et samedi dernier, le système de navigation a enregistré à Paris une hausse de 28% du trafic. En revanche depuis la fin du week-end, sur la période du 8 au 12 octobre, le trafic a au contraire commencé à baissé avec une diminution de 29%. Cette tendance générale s'observe d'ailleurs dans la plupart des métropoles étudiées par Waze.

Ces données d'un abandon progressif de la voiture est aussi le constat de TomTom. Le fabricant de systèmes de navigation GPS s'est intéressé au degré d'encombrement sur les routes franciliennes. Ce taux de congestion permet d'estimer en pourcentage l'allongement des temps de trajet en comparant les périodes de bouchons par rapport aux moments où le trafic est fluide.

Un point de bascule le week-end dernier

Si le taux de congestion est resté stable jusqu'à vendredi dans la région, une "bascule" semble s'être opérée samedi, selon TomTom. Ce jour-là, le taux de congestion s'élevait à 26% sur les routes de la région, quand d'ordinaire il oscille entre 30 et 35%. Concrètement, cela signifie que les temps de trajet des automobilistes franciliens ont en moyenne diminué.

Même constat dimanche, avec un taux de congestion de 20%, contre environ 28% en temps normal. Les chiffres sont plus parlants encore s'agissant de lundi. Le taux de congestion atteignait alors 33% sur la journée, soit 12 points de moins que le même jour la semaine précédente.

"On a remarqué dès le week-end dernier, bien qu'il faisait beau, que finalement ça avait moins bougé sur les routes, confirme TomTom. On a un taux de congestion de 20% pour un dimanche, ce qui est relativement faible."

Le périphérique plus fluide

Si l'on se penche sur les heures de pointe, les données récoltées par TomTom ne disent pas autre chose. Si samedi et dimanche matin, à 9h, le taux de congestion est resté stable, on observe un effondrement à 18h. Il s'établissait ainsi à environ 38% les deux jours, contre au moins 50% en temps normal. De même, lundi, les temps de parcours ont en moyenne chuté de 21 points à 9h (de 86 à 65%) et de 23 points à 18h (de 67 à 44%).

Coyote confirme cette tendance baissière, avec une chute de 60% de la congestion sur le périphérique entre 17 et 19h lundi, par rapport au même jour la semaine précédente.

"Voir sur la durée"

Avec une hausse de 15% des navigations à destination des métros et de 3,5% vers les trains à l'échelle nationale, Waze estime qu'un "report" de mode de transport semble s'opérer pour une partie de la population française. Le recours à d'autres moyens de locomotion que la voiture pourraît contribuer à expliquer la réduction de 5 à 7% des distances de trajet décelée depuis le 7 octobre.

De son côté, TomTom ne minimise pas le rôle que peut jouer le télétravail sur la congestion des routes, avec une bascule a priori plus simple dans des villes où l'économie est plutôt centrée sur le secteur tertiaire, comme c'est le cas à Paris ou Lyon.

Pour l'heure, l'entreprise appelle à "voir sur la durée", notamment d'ici la fin de la semaine, si ces différents phénomènes se confirment.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions