Pass Navigo: Valérie Pécresse menace de suspendre des paiements pour le Grand Paris Express et les JO

Valérie Pécresse (photo d'illustration) - Eric Piermont - AFP
La présidente d'Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, menace de suspendre des paiements concernant notamment la préparation du Grand Paris Express et des Jeux olympiques, si le gouvernement ne fait pas de geste pour éviter une trop forte hausse des tarifs des transports en commun de la région, dont ceux de l'abonnement Navigo.
Dans une délibération, consultée vendredi par l'AFP et BFM Paris Île-de-France, qu'elle entend soumettre mercredi au conseil d'administration de l'autorité régionale des transports, Mme Pécresse estime "inacceptable" une augmentation de 20% des tarifs des transports publics franciliens, inévitable selon IDFM si l'Etat ne lui permet pas de trouver de nouvelles sources de financements pour faire face à l'inflation et à la flambée des prix de l'énergie.
En conséquence, le "voeu" de Mme Pécresse "appelle le gouvernement à lever son blocage de toute recette nouvelle pour Ile-de-France Mobilités".
"Dans l'attente d'une décision de l'État", le conseil d'administration est appelé à suspendre les dépenses relatives à la pré-exploitation du Grand Paris Express (le métro du grand Paris), d'Eole (le RER E, en construction à l'ouest) et à la préparation des transports des jeux Olympiques, ainsi qu'aux réductions pour les étrangers en situation irrégulière, et au remboursement à l'État de l'avance consentie pour éponger les pertes liées au Covid.
Le jeu du "poker menteur"
L'annonce de Valérie Pécresse n'a pas tardé à faire réagir certains élus. C'est le cas de Céline Malaisé, présidente du groupe communiste à la région Île-de-France. "Le gouvernement doit se distinguer de Valérie Pécresse et enfin agir avec responsabilité. Nous avons mis des propositions de recettes sur la table, certaines concernent la juste part des entreprises et d’autres élargissent les financements. De plus, stopper la privatisation évite cinq milliards d’emprunts sur deux ans, le gouvernement doit en prendre conscience".
"L’heure est grave pour Île-de-France Mobilités. Il n’y a plus de place pour les guéguerres politiciennes et les coups de com", s'insurge l'élue au micro de BFM Paris Île-de-France.
Du côté de Jean-Baptiste Pegeon, administrateur écologiste d'Île-de-France Mobilités, même son de cloche. Ce dernier dénonce "le poker menteur" auquel s'adonne Valérie Pécresse avec Emmanuel Macron "depuis un mois".
Il ajoute: "Pendant ce temps-là les usagers sont les victimes en attente d'une perte de pouvoir d'achat et des dysfonctionnements du service public des transports. Ce n'est vraiment pas à la hauteur des enjeux", confie ce dernier sur notre antenne.
450 millions d'euros manquant au budget
Le texte invite également "tous les employeurs publics et privés d'Île-de-France qui le peuvent à rembourser 75% du forfait Navigo (l'abonnement mensuel, ndlr), comme la loi le leur permet désormais, afin de prendre toute leur part dans le financement des transports et d'alléger la facture des usagers".
L'institution doit trouver 450 millions d'euros pour boucler son budget de fonctionnement 2023, qu'elle doit adopter mercredi. Celui-ci ne peut pas être en déficit.
Si le gouvernement ne permet pas à IDFM de trouver de nouvelles formes de financement, les tarifs pourraient augmenter de 20%. L'abonnement mensuel Navigo passerait notamment de 75,20 à 90 euros, et le ticket de métro à l'unité de 1,90 à 2,30 euros.
"Depuis des mois, nous avons proposé" au gouvernement "toute une série de propositions qu'ils ont balayées d'un revers de main: baisse de la TVA, hausse du versement mobilité des entreprises, transformation en subvention de la dette Covid, taxe de séjour sur les hôtels de plus de 4 étoiles, etc", avait-elle écrit mercredi dans une lettre au associations d'usagers.