Paris: une nuit aux jardins d'Éole avec les consommateurs de crack
La tension entre les habitants du quartier de Stalingard et les consommateurs de crack a pris une nouvelle dimension. Excédés par la présence des toxicomanes et les nuisances qui en découlent, les riverains se sont mobilisés à leur fenêtre la semaine dernière et ont manifesté leur mécontentement par un concert de casseroles.
Mercredi, certains sont descendus dans la rue, fustigeant la décision de la préfecture d'évacuer la place Stalingrad et de regrouper les consommateurs de drogue aux jardins d'Éole une partie de la nuit. BFMTV s'est rendu sur place ce mercredi soir pour constater la situation.
La place Stalingrad vide de tout consommateur
À 20h, on croise encore des parents avec leurs enfants dans ce parc. Les fumeurs de crack sont déjà installés sur l'herbe, assis en cercle, en tailleur. La police est également présente. Elle patrouille et tente de mettre fin aux tensions qui peuvent opposer des toxicomanes.
Lorsque le parc ferme au public, à 21h, les consommateurs de drogue se regroupent à une extrémité. Ils achètent leur dose à leur dealer et fument sur place, à ciel ouvert, au milieu des rats qui grouillent.
Philippe, pipe à crack à la main, raconte à BFMTV comment il est devenu lui-même toxicomane. "C'est un mec qui m'a drogué. Un jour, j'étais bourré. Il m'a drogué", narre-t-il. Et s'il est parvenu à s'abstenir de consommer du crack pendant deux ans, il a ensuite rechuté. "Parce que ma mère est décédée", souffle-t-il. "C'est tout. Mon beau-frère s'est suicidé. (...) Beaucoup de problèmes..."
Quand la nuit tombe, à 22h, beaucoup de toxicomanes sont en manque de crack, drogue addictive aux effets relativement courts. Certains sont prêts à tout pour récupérer un peu d'argent et acheter une dose.
À 23h, la place Stalingrad est vide de tout consommateur de drogue. C'était le but recherché par les autorités. Une dizaine de cars de CRS y sont stationnés et restent en veille.
La crainte d'une nouvelle "colline du crack"
Il est 1h du matin lorsque les jardins d'Éole sont évacués puis fermés. Certains fumeurs de crack passent la nuit sur le trottoir, parfois dans des abris de fortune. Dans la journée, ils seront à nouveau 200.
"Les toxicomanes, ça fait à peu près 20 ans qu'ils sont ici. On dirait que tout le monde s'en fiche", dénonce un habitant du quartier, mobilisé lors de la manifestation de mercredi. "Mais là en plus, leur sanctuariser un lieu... C'est difficile pour nous", regrette cet habitant du quartier. Comme d'autres, il craint la naissance d'une nouvelle "colline du crack".
Opposée à une "évacuation sèche", la mairie a, de son côté, "pris acte" de la décision du préfet. Elle appelle néanmoins à ne pas "sacrifier" les jardins d'Éole. Et demande une aide médico-sociale pour les toxicomanes ainsi que des distributions alimentaires. Sur ce dernier point, la préfecture a posé son véto, craignant la création "d'un point de fixation".