Paris: malgré les confinements, la mortalité routière en forte hausse en 2020

Le constat est surprenant. Alors que les déplacements des Parisiens, et des Franciliens en général, ont été drastiquement réduits durant les deux confinements, le nombre de morts sur la route entre janvier et novembre 2020 a pourtant augmenté dans la capitale.
En tout, 43 personnes sont mortes à causes d'accidents de la route à Paris, soit 13 de plus qu'en 2019. Avec 14 victimes, les piétons sont les plus touchés. Viennent ensuite les automobilistes (11 morts), les deux-roues (10 morts) et les cyclistes (8 morts).
Paris, mauvais élève d'Ile-de-France
En Ile-de-France, Paris fait figure de mauvais élève. Alors que le nombre de morts sur la route est en augmentation dans la capitale, il a en effet globalement diminué - de 7,7% - dans la région francilienne par rapport à 2019.
Ainsi, en Seine-et-Marne "seulement" 57 morts sont à déplorer, soit 9 de moins que l'année dernière. La Seine-Saint-Denis est également concernée par une baisse de son nombre de morts sur la route (-13 par rapport à 2019).
Certains départements, comme l'Essonne, ont tout de même vu leur nombre de morts sur la route augmenter, passant de 29 à 31 entre 2019 et 2020. Par ailleurs, si la mortalité routière a globalement baissé en Ile-de-France, les indicateurs franciliens restent moins bons que ceux à l'échelle nationale, où une baisse de 21,4% des morts sur la route a été enregistrée cette année.
Les mobilités douces, plus silencieuses, en cause?
Alors comment expliquer cette augmentation du nombre de morts sur la route à Paris, et ce alors que deux confinements ont été mis en place? Première hypothèse, selon l'association 60 millions de Piétons, le développement des mobiltés douces.
"Les nouveaux engins, qui sont très silencieux, sont sans doute une des causes de ces problèmes, juge Jean-Paul Lechevalier, porte-parole de l'association. Et on sait aussi que c'est une majorité de piétons âgés qui sont victimes de ces accidents. Donc cette année, les risques ont changé."
Mais du côté de Paris en Selle, on se félicite de l'augmentation du nombre de cyclistes dans la capitale et des aménagements réalisés pour les protéger, comme les coronapistes.
"Ce qu'on aimerait, c'est ce que la législation aille plus loin pour interdire les poids lourds (dans la ville, NDLR), ajoute Jean-Sébastien Catier, président de Paris en Selle. Parce que le principal risque mortel pour les cyclistes, c'est un conflit avec un poids lourd avec un angle mort."
Pertes des réflexes et augmentation de la vitesse
Autre hypothèse concernant l'augmentation du nombre de morts à Paris: la perte des bons réflexes des usagers de la route restés confinés chez eux pendant plusieurs semaines.
Selon Anne Levaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière, les automobilistes ont eu tendant à rouler plus vite lorsque les rues de la capitale étaient moins bondées que d'ordinaire.
"À partir du moment où l'on a l'impression d'être seuls sur la route, où l'on perd nos repères de circulation en collectivité, la plupart des automobilistes accélèrent", explique-t-elle.
"On est passé d'un automobiliste tué à Paris en 2019 à 11, donc on voit bien que l'augmentation se fait surtout sur les automobilistes. Et qu'est-ce qui est le facteur aggravant de tous les accidents: c'est la vitesse", poursuit Anne Levaud, qui appelle ainsi à respecter les limitations de vitesse "y compris pendant le couvre-feu".