Travaux, coronapistes, embouteillages: la circulation des bus de plus en plus compliquée à Paris

Des "mini-héros". C'est par ces mots que Catherine Guillouard, patronne de la RATP, a décrit dimanche dernier les chauffeurs de bus parisiens. Nouveaux aménagements, travaux, mauvais comportements des autres usagers de la route: le quotidien des conducteurs de bus de la capitale ressemble parfois à un véritable casse-tête.
"Il y a beaucoup de fatique, une fatigue nerveuse, explique au micro de BFM Paris Grégory Thomas, chauffeur de bus sur la ligne 39, qui assure exercer "un métier très usant".
"Il suffit d'être au volant de son véhicule dans Paris pour imaginer ce qu'il se passe quand on conduit un bus de 12 ou 18 mètres, poursuit le conducteur. C'est bien plus usant qu'autrefois. C'était déjà fatiguant, mais ça l'est encore plus aujourd'hui."
Du côté des usagers des bus parisiens, on note également une détérioration du service. "En terme de temps, ce n'est pas le plus facile, confie une passagère. Il n'y a pas une bonne organisation, une bonne synchronisation".
"C'est pas terrible, confirme une autre habituée des bus de la capitale. Il y a beaucoup d'embouteillages. Un coup c'est le vélos, les trottinettes, les piétons. C'est un peu la galère"
Des bus gênés par le nombre grandissant de vélos
Selon les usagers et les conducteurs, le trafic des bus se complique de plus en plus au fur et à mesure que se développent les mobilités douces très privilégiées par les Parisiens, comme la trottinette ou le vélo. Les utilisateurs de ces deux-roues doivent en effet emprunter les mêmes couloirs de circulation que les bus lorsqu'il n'y a pas de piste cyclable séparée de la voirie.
Par ailleurs, la création des récentes coronapistes a parfois été rendue possible en supprimant des voies de circulation aux voitures, voire aux bus, sur certains axes. Si ces pistes cyclable diminuent le risque d'accident entre les bus et les vélos, elles peuvent également rallonger les temps de trajets des bus, qui doivent parfois emprunter de nouvelles déviations.
Selon les données d'Ile-de-France Mobilités, la vitesse de circulation des bus a ainsi diminué de 10/11 km/h entre 2016 et 2019 à 9 km/h en 2020 sur les routes de la capitale. Une très légère baisse, qui peut cependant occasionner plusieurs minutes de retard pour les passagers sur des trajets relativement longs.
Repenser l'utilisation de l'espace
Une situation compliquée pour les usagers comme pour les conducteurs de bus, qui a poussé la présidente de la RATP à demander une meilleure utilisation de l'espace à Paris.
"C'est une chose qui va devoir être repensée. Je suis à fond pour la complémentarité mais je pense qu'il faut qu'on ait une vision stratégique de l'utilisation de l'espace dans les villes", a jugé Catherrine Guillouard. À Paris, c'est très compliqué mais on va devoir avancer sur ces sujets si on ne veut pas avoir des conflits d'usage, voir de la non-efficience."
Ile-de-France Mobilités souhaite de son côté rester vigilante sur l'impact des coronapistes sur la circulation des bus. Le Syndicat francilien des transports veut aussi effectuer un bilan des coronapistes au cas par cas pour trouver des solutions concrètes.
Tout l'enjeu sera de fluidifier le trafic des bus parisiens tout en proposant une offre de pistes cyclables adaptée à l'augmentation du nombre de vélos, qui a doublé dans la capitale entre juillet 2019 et 2020.