Paris: le coup de frein du préfet de police au projet de réaménagement de la tour Eiffel
Un coup dur pour le projet porté par Anne Hidalgo. Dans un courrier adressé mardi à la maire de la capitale, Didier Lallement, préfet de police, annonce son "opposition à ce projet de restriction de circulation dans le secteur de la tour Eiffel tel qu'il a été adopté au Conseil de Paris".
Risque de saturation sur les routes
S'il ne s'en prend pas directement aux aménagements prévus autour de la tour Eiffel, sur le Champ-du-Mars et aux abords du Trocadéro, il torpille toute idée de piétonnisation dans le secteur, axe phare du projet de la mairie.
La préfecture de police, s'appuyant sur les résultats d'une étude de la circulation réalisée en février 2020, s'inquiète notamment de la saturation qui pourrait être engendrée sur les ponts de l'Alma, Grenelle et Bir-Hakeim en fermant à la circulation de le pont Iéna. Il craint également d'importants reports sur l'avenue du président Wilson, place de l'Alam, et sur les avenues Rapp, de La Bourdonnais et de la Motte-Picquet.
Concernant le quai Branly, la suppression de voie dans le sens est-ouest "générera de facto une augmentation du trafic dans le soutterrain du quai Branly pouvant conduire à sa saturation", écrit le préfet de police,
Didier Lallement s'inquiète aussi des conséquences du "nouvel aménagement en fer-à-cheval de la place du Trocadéro" avec des reports de circulation "pouvant potentiellement dégrader les délais d'intervention des véhicules de secours et de sécurité en cas de sinistre au Palais de Chaillot".
"Très surprenant" pour la Ville
"Entre la réduction de la place de voiture et la lutte contre la pollution, la préfecture de police choisit une nouvelle fois de se battre pour préserver le tout-voiture", a réagi sur Twitter David Belliard, maire adjoint de la capitale en charge de la transformation de l'espace public et des mobilités.
"Des engagements ont été pris pour que ce quinquennat soit plus engagé pour la cause climatique", a souligné à l'AFP la Ville de Paris qui juge "très surprenant qu'un haut fonctionnaire prenne une décision allant à l'encontre de la lutte contre la pollution atmosphérique" et espère que cette position sera revue.
Deuxième revers en un mois
Du côté des opposants au projet, Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, s'est montrée satisfaite par la décision de la préfecture de police. "La préfecture de police a tenu compte de nos observations et s’oppose à son tour au projet" de réaméagement du secteur de la tour Eiffel.
"Mais le combat n’est pas fini : nous restons mobilisés pour protéger le Champ-de-Mars!", conclut-elle sur Twitter.
Invité de BFM Paris Île-de-France ce vendredi, Philippe Goujon, le maire du 15e arrondissement, s'est réjouit de la position du préfet de police.
"C'est ce que nous demandions depuis le début du projet. C'est un projet qui est très mal ficelé, qui a recueilli les oppositions des habitants, des conseils de trois arrondissements concernés, des associations de protection de l'environnement. On se demande pourquoi cet entêtement de la mairie de Paris", déclare-t-il.
En moins d'un mois, c'est le deuxième camouflet pour le projet défendu par Anne Hidalgo. Confrontée à un tollé, la mairie avait déjà dû faire marche arrière sur l'abattage de 42 arbres sur le Champ-de-Mars, pour permettre la construction de bureaux et de bagageries.