Paris: la préfecture de police interdit le "bal des migrants"

Vue de la place de la Bataille de Stalingrad - Image BFM Paris
Le "bal des migrants" prévu ce mardi soir à Paris n'aura finalement pas lieu. La préfecture de police a pris un arrêté d'interdiction "compte tenu de forts risques de troubles à l'ordre publics engendrés par cette initiative", indique un communiqué des autorités.
Organisé à l'occasion du 14 Juillet, place de la Bataille de Stalingrad, dans les 10e et 19e arrondissements de la capitale, cet événement est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours. En cause: les propos à l'occasion d'une précédente soirée d'un DJ programmé ce mardi.
Le BAAM en "colère"
Dans une publication sur les réseaux sociaux, le DJ Fanaya, pour qui "le dancefloor est un espace politique où les relations de pouvoir se reproduisent aussi", imposait aux blancs d'"aller derrière" et aux autres, "surtout les personnes noires", d'"occuper la place et tout l'espace qui (leur) revient de droit".
"Durant mon set, les personnes noires et non-blanches sont prioritaires", avait insisté l'artiste.
"Ces déclarations d’appel à la distinction entre les êtres humains du fait de leur couleur ou de leur origine génèrent une situation conflictuelle autour de la tenue de cet évènement, susceptible de rassembler des personnes véhiculant des valeurs non républicaines et contraires au principe de cohésion nationale", a justifié la préfecture.
Sur Facebook, le BAAM (Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants) a réagi à cette décision, indiquant "être en colère". "Nous ne danserons pas tous-tes ensemble ce soir", a déploré l'association, promettant la publication prochaine d'un communiqué.
Retrait de l'artiste
Devant la violence des réactions suscités, l'association avait choisi dimanche de retirer de la programmation le DJ Fanaya. "Comme tous les ans, le bal des migrants se tiendra en mixité", avait insisté l'association. "Toutefois, nous croyons dans la complémentarité des actions politiques et nous reconnaissons pleinement la pertinence de l'existence d'espaces en non mixité", a expliqué le BAAM en soutenant Fanaya.
Pour le BAAM, "les positions politiques" de Fanaya "sont non seulement légitimes mais également essentielles pour permettre une réelle appropriation de l'espace par toutes les personnes racisées".
Auparavant, les propos du DJ avaient été "totalement désapprouvés" samedi par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint (PS) d'Anne Hidalgo, pour qui "un bal, c'est un mélange de bonheur, de convivialité, sans distinction aucune".
A l'origine de la polémique, le député LaREM François Jolivet avait de son côté estimé sur Twitter que le débat était clos après le retrait de l'artiste. Et avait souhaité à l'association un "bel événement républicain".
Insuffisant et trop tard pour convaincre le préfet, qui a choisi d'annuler l'événement.