Paris: des enfants escortés par la police pour se rendre à l'école en raison de la présence de toxicomanes

Pour amener leurs enfants à l'école, une partie des parents de l'école maternelle Charles-Hermite du 18e arrondissement de Paris sont escortés par la police municipale. Un pedibus mis en place depuis les vacances de la Toussaint pour les élèves qui habitent la cité Valentin-Abeille et sont contraints d'emprunter l'allée éponyme pour se rendre en classe. La raison: l'arrivée de dealeurs et consommateurs de crack aux alentours de l'établissement scolaire fait grandir l'insécurité du quartier.
Cette escorte, mise en place matin et soir aux horaires d'ouverture et de fermeture de l'école et sur initiative de la mairie d'arrondissement, rassure. Contactée par BFMTV, l'école Charles-Hermite avoue que la situation est "difficile" pour les familles, mais que "cela s'est amélioré depuis une quinzaine de jours" et la présence des forces de l'ordre.
"Inquiétant", "terrifiant"
Éric Lejoindre, maire du 18e arrondissement, est à l'initiative de ce dispositif qu'il qualifie "d'incroyable" et "d'anormal".
"C'est inquiétant", précise l'élu sur BFMTV. L'objectif était qu'on assure la sécurité des enfants et qu'on évite des drames potentiels."
La situation reste toujours effrayante pour les parents et les enfants. À nos confrères du Parisien, les habitants parlent de conditions "terrifiantes" et "pas normales".
Ils confient que leurs enfants sont désormais spectateurs d'actes de drogue et de prostitution. "Ils connaissent le mot crack", explique Priscilla, mère de famille, au quotidien régional.
Le dispositif est voué à perdurer, au moins jusqu'aux vacances de Noël puis sera réévalué à la rentrée de janvier. L'établissement scolaire assure que, tant que le besoin se fait ressentir auprès des parents, l'escorte policière perdurera.
La présence des policiers dans le quartier soulage les parents. Il pourrait également s'étendre à d'autres écoles, si les lieux de deals se déplacent à nouveau et que le problème se transfère aux établissements voisins.
Un scénario à répétition
Le 28 octobre dernier, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez avait annoncé vouloir l'éradication totale du crack dans la capitale en un an. Aujourd'hui, si le camp de Forceval, situé porte de la Villette et démantelé le 5 octobre, ne s'est pas reconstitué comme l'avait promis le préfet, les toxicomanes se sont simplement déplacés, notamment dans le quartier de la porte d'Aubervilliers.
Entre trente et quarante personnes se sont établies sur l'allée Valentin-Abeille, près de l'école Charles-Hermite, note un policier au Parisien. À l'arrivée des policiers municipaux, les consommateurs de crack se dispersent, avant de revenir sur le site après le passage de l'escorte.
Bien que rassurées par les escortes policières, les familles espèrent surtout qu'une solution pérenne sera trouvée pour résoudre ce problème d'insécurité lié à la consommation de crack, qui ne fait que se déplacer de quartier en quartier.
"C'est le chien qui se mord la queue", lance Stéphanie Benoist, porte-parole du collectif "Villette Village" sur BFMTV.
"C'est un scénario qui va se répéter au fil du temps, dans différents quartiers. Au 18e et au 19e, on va se renvoyer la patate chaude pendant combien de temps ?", s'agace-t-il.
La porte-parole demande notamment une prise en charge sanitaire et sociale des toxicomanes et des dealeurs, pour sortir de ce cycle infernal d'insécurité.
Le dispositif de pédibus est en place jusqu'aux vacances de Noël. Il sera réévalué à la rentrée de janvier.