Alice Coffin dénonce un "dysfonctionnement" dans la lutte contre les cyberviolences

L'élue parisienne verte et féministe Alice Coffin, le 21 septembre 2020 à Paris - JOEL SAGET © 2019 AFP
La conseillère municipale écologiste Alice Coffin, élue dans le 12e arrondissement de Paris, avait été la cible, l'été dernier, d'une campagne de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.
Elle avait alors annoncé, à la fin du mois de juillet, avoir déposé plainte devant la gendarmerie, pointant du doigt "le rôle joué par certains élus". Une autre plainte avait ensuite été déposée en octobre devant la police. L'ancienne journaliste avait également été placée sous protection policière en raison de ces nombreux messages injurieux, sexistes et lesbophobes reçus sur les réseaux sociaux.
Dans un communiqué, diffusé ce mardi sur Twitter, son avocate Clara Gandin a indiqué que ces plaintes "n'ont été suivies d'aucun effet". Elle a dénoncé, avec Alice Coffin, un "dysfonctionnement d'ampleur dans la lutte contre les cyberviolences sexistes".
Une seule personne identifiée
L'autrice du livre Le génie lesbien avait alors déposé plainte contre X pour injures à raison du sexe et de l'orientation sexuelle et harcèlement en ligne auprès du Procureure de la République de Paris.
Une enquête avait été confiée à la Brigade de Répression de la Délinquance à la Personne. Mais, cinq mois plus tard, "l'enquête n'a permis l'identification que d'un seul mis en cause", alors que la plainte pointait du doigt trente messages et une vingtaine d'auteurs anonymes.
"Le parquet de Paris avait transmis le dossier à un autre tribunal, hors de région parisienne, pour juger ce mis en cause là où il réside. De fait, l'enquête apparaît stoppée, s'agissant de la poursuite des autres auteurs, y compris pour ceux disposant d'un compte nominatif. Quant au mis en cause identifié, il écope d'un rappel à la loi", regrette le conseil de la militante féministe.
"Moqueries, insultes, humiliations"
Au sein de ce communiqué de presse, Alice Coffin a expliqué connaître "par cœur les rouages" des mécanismes de cyberharcèlement sexiste et misogyne, "car il n'est plus un jour depuis [son] élection au Conseil de Paris et la publication [son] livre sans qu'[elle] reçoive insultes ou menaces". Elle a raconté avoir été encore victime de deux campagnes de cyberharcèlement ces dernières semaines.
Elle est notamment revenue sur une attaque lesbophobe dont elle a été victime lors d'une conférence qu'elle donnait à Rouen le 16 juin dernier. "Des jours durant, moqueries, insultes, humiliations se sont succédées. Jusqu'au dimanche, jour de fête des pères, qui a provoqué une flambée de messages agressifs", a-t-elle poursuivi.
L'élue parisienne a indiqué que cette violence "a un impact terrible" sur sa vie: "Je suis médicamentée et mon corps a été atteint à plusieurs endroits. Mes prises de parole, et c'est tout le but de ces campagnes comme le démontre parfaitement le documentaire #SalePute, sont réduites, j'ai dû m'absenter de Twitter, donc me priver d'un espace de communication particulièrement précieux, sachant que nombre de médias généralistes ne me sont pas accessibles".
"Une absence de volonté politique"
Elle dit regretter que sa plainte "de soixante pages", qui était "précise" et "documentée" n'ait finalement pas eu les conséquences espérées, dénonçant l'absence de travail des pouvoirs publics.
"Nous avons extrait trente messages sur des milliers. Trente, et ils n'en retiennent qu'un. Trente, et l'enquête menée débouche sur un résultat si dérisoire qu'il est impossible de ne pas conclure à un dysfonctionnement d'ampleur en matière de lutte contre les cyberviolences sexistes", a-t-elle affirmé, dénonçant les contradictions entre ces résultats et "les communications à tout-va sur la mobilisation des pouvoirs publics et la création de pôles spécialisés".
Alice Coffin a, enfin, pointé du doigt la "carence de moyens" mis en place pour lutter contre le cyberharcèlement, révélant, selon elle, "une absence de volonté politique". "Ce n'est pas juste un abandon des femmes et de toutes les minorités persécutées sur les réseaux sociaux, c'est aussi un abandon de la démocratie", a-t-elle conclu.