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Notre-Dame de Paris: les travaux qu'il reste à mener après la réouverture de la cathédrale

La cathédrale Notre-Dame prise le 28 novembre 2024

La cathédrale Notre-Dame prise le 28 novembre 2024 - Kiran RIDLEY, Kiran RIDLEY © 2019 AFP

Si Notre-Dame de Paris rouvre ses portes au public et aux fidèles, de lourds travaux vont encore être entrepris à l'extérieur de la cathédrale jusqu'à l'horizon 2030.

Notre-Dame se dévoile au public, mais Notre-Dame est loin d'être complètement restaurée. Si les visiteurs vont enfin pouvoir fouler l'enceinte de la cathédrale dès ce dimanche 8 décembre, le chantier, lui, n'a pas dit son dernier mot.

"Tout ce qu’il reste à faire, c’est tout ce qui aurait dû être fait s’il n’y avait pas eu l’incendie. Et c’est énorme", assure Jean-Michel Leniaud, président de la société des amis de Notre-Dame de Paris, à BFMTV.com.

Avant l'incendie ravageur d'avril 2019, le diocèse de Paris alertait déjà sur l'état extérieur de la cathédrale qui nécessitait des interventions d'urgence. Tous ces éléments se trouvent à l'extérieur de Notre-Dame et vont donc avoir droit, à leur tour, à une restauration.

La sacristie dans un état "ruiniforme"

Des travaux vont être entrepris sur les extérieurs du chœur et de la nef, ainsi que sur les rosaces sud et nord. Ces dernières vont faire l'objet d'une attention tout particulière, notamment vis-à-vis de leur étanchéité.

Autre chantier: celui du chevet et de ces grands arcs-boutants. Des structures importantes pour la cathédrale, puisqu'au moins trois de ces piliers "sont des éléments essentiels à la stabilité de l’édifice", prévenait Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques en charge de la cathédrale dans les colonnes de La Croix, en 2017.

À ce niveau de l'édifice, la pierre s'effrite en raison des joints utilisés. Faits de plâtre et de chaux, du sel et des cristaux se sont formés au fil des ans ce qui détruit peu à peu la pierre.

Enfin, le chantier devra se pencher sur l'extérieur de la sacristie. "C'est un chef d’œuvre du 19e siècle reconstruite par Viollet-le-Duc qui est actuellement ruiniforme", se désole Jean-Michel Leniaud. La maçonnerie de l'annexe est notamment en très mauvais état.

Tapisseries et vitraux contemporains

En parallèle, à l'intérieur de Notre-Dame, le retour à la normale se fera ponctuellement. Le grand orgue est bien en place, mais en 2025, l'orgue de chœur devrait par exemple être réinstallé. L’instrument a été entièrement remplacé, son buffet conservé et restauré.

D'autres éléments viendront rejoindre la cathédrale parisienne, comme sept tapisseries, dont le tissage à la main prendra cinq à six ans. Elles seront réalisées pour les chapelles, par les artistes contemporains espagnol Miquel Barceló et britannique Michael Armitage.

En 2025 devrait également être lancée la réalisation des vitraux contemporains voulus par Emmanuel Macron. Ils sont destinés à être installés, pas avant 2026, dans six dans sept chapelles du bas-côté sud.

Ces vitraux sont encore aujourd'hui l'objet de beaucoup de controverses. En juillet dernier, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) avait donné un avis défavorable à l'unanimité pour que ces vitraux remplacent les créations d'Eugène Viollet-le-Duc.

140 millions d'euros restants pour les travaux

Avant 2019, les acteurs s'étaient mis d'accord sur un chantier très lent, sur 20 ans, afin de restaurer pas à pas les éléments de la cathédrale. Il était aussi crucial de prendre le temps de "trouver les 150 millions d'euros" nécessaires aux restaurations, notait en 2017 Philippe de Cuverville, économe du diocèse de Paris, dans La Croix.

Aujourd'hui, les travaux post-incendie ont été terminés en un temps record, impensable à l'époque. Mais surtout, grâce à la générosité des donateurs, l'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris se retrouve aujourd'hui avec un surplus de dons de 140 millions d'euros qui va permettre de lancer cette troisième phase de travaux sur l'extérieur de la cathédrale.

Toutefois, pour le président de la Société des amis de Notre-Dame de Paris, c'est encore juste pour finir de restaurer complètement le monument. "Il reste des travaux lourds, et je ne suis pas certain que l’on soit dans un contexte financier favorable", confie-t-il à BFMTV.com. Ces doutes se portent notamment sur la sacristie et le trésor qu'elle abrite.

L'équipe de Rebâtir Notre-Dame de Paris reste de son côté confiante. Le calendrier est tenu, et ils estiment la fin totale du chantier à l'horizon 2030. Au même moment, la ville de Paris devrait terminer la phase finale de ses travaux de réaménagement des abords de la cathédrale.

Juliette Moreau Alvarez