INFO BFMTV. Meurtre de Lola: la suspecte Dahbia B. apte à être jugée, selon une contre-expertise psychiatrique

Lola, 12 ans, tuée à Paris - AFP
C'est un rapport de 31 pages qui ouvre la voie à un procès aux assises pour Dahbia B., la principale suspecte du meurtre atroce de la petite Lola, en octobre 2022 à Paris. Selon les informations de BFMTV, la contre-expertise de la jeune femme indique qu'elle n'était pas "atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ayant aboli ou altéré son discernement et le contrôle de ses actes".
Autrement dit, Dahbia B. est, selon cette étude, "accessible à une sanction pénale et peut répondre de ses actes devant une juridiction". Une conclusion qui va dans le sens de la première expertise psychiatrique qui avait été réalisée, en décembre 2022, quelques semaines après le meurtre.
Le corps découvert dans une malle
Pour parvenir à ce résultat, les deux experts missionnés par la juge d'instruction ont rencontré la suspecte à trois reprises au cours de l'année 2023, alors qu'elle est en détention provisoire. Ils en ont acquis la conviction qu'elle n'était pas atteinte d'un trouble psychiatrique lorsqu'elle s'en est pris à Lola, 12 ans, en octobre 2022.
Le meurtre de l'adolescente avait particulièrement ému l'opinion publique. Le 14 octobre 2022, son corps avait été découvert dans une malle, non loin de son immeuble dans le 19e arrondissement de Paris. Les investigations avaient rapidement mené à l'arrestation de Dahbia B. Les premiers examens ont révélé que la jeune fille avait été torturée et violée par la jeune femme avant d'être asphyxiée.
Après avoir un temps nié les faits reprochés et avoir livré des explications contradictoires en garde à vue, la principale suspecte avait fini par passer aux aveux. Elle avait alors été mise en examen pour meurtre et viol avec actes de tortures et de barbarie.
"Je n'avais pas de but en faisant ça"
Peu après les faits, plusieurs sources avaient indiqué que la suspecte souffrait de troubles psychiques qui auraient pu expliquer son passage à l'acte, évoquant ainsi une possibilité d'irresponsabilité pénale. Mais la contre-expertise rendue en janvier dernier vient donc battre en brèche cette hypothèse.
Dix-huit mois après les faits, Dahbia B. se montre toujours incapable d'expliquer les raisons de son passage à l'acte. "Elle reconnaît les faits reprochés mais se montre en difficulté pour identifier les motivations", indiquent ainsi les experts dans leur rapport. Et de citer une partie des échanges qu'ils ont eus avec la suspecte: "Je ne sais pas pourquoi j'ai écrit 'zéro' et 'un' sur ses pieds au vernis rouge. J'ai laissé une goutte de sang. J'ai réalisé que j'avais tué quelqu'un (...) Je n'avais pas de but en faisant ça... A posteriori, j'ai compris que ça m'avait fait du bien."
Dans leur travail, les experts se sont aussi intéressés à l'addiction au cannabis de la jeune femme de 24 ans. Celle-ci assure qu'elle fumait dix joints par jour entre ses 16 ans et le jour où elle a été arrêtée. La juge d'instruction a donc demandé aux psychiatres de déterminer si son usage de stupéfiants a pu entraîner "une décompensation psychiatrique" pouvant expliquer son passage à l'acte.
Pour les experts, la réponse est non. "Nous n'avons mis en évidence aucun élément qui montreraient que l'intéressée ait pu être atteinte d'un trouble psychiatrique aigüe révélé par la consommation de cannabis au moment des faits", indiquent-ils.
"Dangerosité criminologique élevée"
Selon eux, les faits ne sont donc pas à mettre sur le compte "d'une maladie psychiatrique aliénante" mais davantage "sur le compte de la personnalité" de la jeune femme. Une personnalité qu'ils qualifient de "pathologique sévère" et traversée par "une dangerosité criminologique élevée".
L'instruction va donc se poursuivre sur les fondements de cette nouvelle expertise psychiatrique. Avec la possibilité que Dahbia. B. comparaisse, un jour, dans le cadre d'un procès devant une cour d'assises pour ces faits.
Le père de la petite Lola est décédé en février dernier après avoir sombré en raison du meurtre de sa fille. "Il avait la tête et le cœur trop près de l'enfer...", avait-alors témoigné son avocate, en appelant au respect de la famille.