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"Loin de mes idéaux": l'éleveur qui a vendu les têtes de porcs déposées devant des mosquées témoigne

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Un jour après avoir vendu des têtes de cochons à de mystérieux acheteurs, un éleveur normand a découvert dans la presse que des têtes de cochons avaient été déposées devant des mosquées à Paris. Faisant le lien, il a aidé les investigations tout en se désolidarisant de cette action.

Après la découverte des têtes de cochon devant des mosquées à Paris ce mardi 9 septembre, le spectre d'une ingérence étrangère et un agriculteur bien embêté.

Neuf têtes de porc, animal considéré comme impur par l'islam, ont été découvertes devant des mosquées de la capitale et de la région parisienne. Elles ont été déposées par des étrangers ayant aussitôt quitté le territoire, selon le parquet.

Un éleveur normand, qui souhaite rester anonyme, témoigne ce samedi 13 septembre auprès de BFMTV, disant être celui qui a vendu ces têtes à de mystérieux acheteurs.

Plusieurs semaines avant les faits, il avait été contacté sur internet par un homme souhaitant lui acheter ces têtes de cochons. "Dans l'échange de mails, il nous explique qu'il est en Seine-et-Marne, à deux heures de route. On l'interroge dessus car deux heures de route pour aller chercher des têtes de cochon c'est assez étonnant", retrace-t-il.

"Rien de cohérent"

Le rendez-vous est finalement fixé pour le lundi 8 septembre à 14 heures. Les acheteurs arrivent en retard et ne trouve pas l'atelier. "Je m'aperçois que cette voiture est une voiture étrangère, qu'ils parlent très peu français et très mal anglais."

Les doutes s'épaississent alors pour l'agriculteur. "Qu'ils fassent deux heures de route, pour ces morceaux, qu'ils mettent ça dans leur coffre, il n'y a rien de cohérent", décrit-il, notant une "transaction à ce point particulière" qu'il a pris une photo de leur voiture.

Le fermier se dit en désaccord total avec ces actions. Une action "vraiment loin de ses idéaux et de ce qu'[il] veut faire avec les morceaux qu'[il] vend". Il a désormais peur des représailles. "C'est particulier comme sentiment, ce n'est pas habituel en tout cas."

Le spectre d'une ingérence étrangère

Depuis le témoignage de l'éleveur, les investigations ont permis au parquet de Paris de déterminer que les suspects de nationalité étrangère ont agi "dans une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation".

Selon les premiers éléments de l'enquête, après avoir quitté l'élevage normand lundi, les deux suspects sont arrivés à Paris dans la nuit de lundi 8 à mardi 9 septembre. Une fois les faits commis devant les mosquées de la région, ils passent la frontière belge avant de disparaître.

Selon une source policière, contactée mardi par BFMTV, ces actions ont pour but de créer des fractures intercommunautaires au sein de la société, à l'instar des étoiles bleues de David et des mains rouges taguées à Paris, ou encore de la peinture verte projetée sur des synagogues.

À ce stade de l'enquête, aucun suspect n'a pour l'instant été interpellé. Deux personnes s'étant déplacées avec un véhicule "dont la plaque d'immatriculation serait serbe" et ayant utilisé une "ligne téléphonique croate" sont soupçonnées.

Les investigations se poursuivent sous la direction de la section de protection des libertés publiques du parquet de Paris (AC2), sous les qualifications de "violences volontaires sans incapacité à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée commis dans le but de servir les intérêts d'une puissance étrangère ou d'une entreprise ou d'une organisation étrangère ou sous contrôle étranger".

Arthus Vaillant