BFMTV
Paris Île-de-France

Législatives: l'ancien ministre Clément Beaune défié par le premier adjoint de Paris Emmanuel Grégoire dans la 7e circonscription

placeholder video
Les 30 juin et 7 juillet prochains, l'ancien ministre des Transports et l'actuel premier adjoint d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris s'affronteront pour la 7e circonscription qui sera l'une des plus scrutées de la capitale dimanche au soir du premier tour.

En plein tractage sur le marché Popincourt (11e arrondissement de Paris) ce vendredi 21 juin, Clément Beaune et Emmanuel Grégoire se serrent la main. Les deux candidats se sont connus à Matignon, du temps de Jean-Marc Ayrault, et ont depuis pris des chemins opposés.

Pourtant, tous les deux jouent leur avenir politique à Paris, autour de la place de la Bastille. Le macroniste Clément Beaune et le socialiste Emmanuel Grégoire, adversaires pour un siège au palais Bourbon, doivent se dépêtrer des contradictions de leur propre camp.

Un premier duel... avant 2026?

La circonscription, en plein cœur de Paris, est à cheval entre les 4e, 11e et 12 arrondissements. Elle est scrutée, parce que les deux candidats nourrissent des ambitions pour la mairie de Paris. Même s'ils l'assurent: l'heure n'est pas à 2026.

"Le moment est trop grave pour penser la suite", assure Clément Beaune au micro de BFM Paris Île-de-France.

"J'ai toujours dit que j'étais engagé à Paris, que je prendrai mes décisions sur l'avenir plus tard. Mais aujourd'hui, on a un danger du Rassemblement national. Et face au RN, la réponse ne peut pas être, on le sait, surtout à Paris, la compromission avec une France insoumise qui n'est pas claire sur l'antisémitisme, qui n'est pas claire sur le respect des institutions républicaines", assure le député Renaissance sortant.

"Non, ce n'est absolument pas le sujet", renchérit de son côté le socialiste Emmanuel Grégoire.

"Et moi, je ne voulais pas au départ dans ma vie politique être candidat aux élections législatives. J'ai une passion, c'est Paris. Mon engagement, c'est Paris. Mais simplement il faut comprendre ce qui s'est passé, à la fois par le score très haut issu des élections européennes du RN, et surtout la dissolution qui met l'extrême droite aux portes du pouvoir", explique le premier adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo.

"Le Guide du routard parisien"

Pour Emmanuel Grégoire, son engagement dans cette campagne est "un devoir moral, un devoir politique de se rassembler pour proposer un autre chemin pour le pays".

"Les élections municipales, c'est loin. Le RN, c'est demain et toute mon énergie aujourd'hui, elle est là pour protéger mon pays", estime l'élu. "Elle est là pour protéger les intérêts des Parisiennes, des Parisiens, pour protéger les intérêts aussi des institutions qui seront des contre-pouvoirs si le RN arrive au pouvoir et en particulier la ville de Paris que je connais, vous le savez intimement", explique Emmanuel Grégoire au micro de BFM Paris Île-de-France.

Quant à son avenir au Conseil de Paris, il assure qu’il continuera à y siéger même s'il est élu en tant que député. "Je devrais quitter mes fonctions de premier adjoint si je suis élu, puisque c'est une incompatibilité légale et c'est normal, on ne peut pas bien faire les choses correctement avec de tels cumuls", précise-t-il alors qu'il a annoncé la semaine dernière rendre ses délégations à la maire de Paris pour mener campagne.

Clément Beaune, le député Renaissance sortant, figure de l'aile gauche de la macronie, a été ministre chargé de l’Europe, puis des Transports d’Emmanuel Macron. En janvier, il a quitté le gouvernement après la démission de la Première ministre Elisabeth Borne, quelques semaines après le vote de la loi immigration à laquelle il s’était opposé.

Lors du second tour des législatives de 2022, Clément Beaune l’avait emporté de justesse avec 658 voix d’avance face à la candidate (LFI-Nupes) Caroline Mecary.

"Je suis là pour gagner, pour continuer. Mais les combats électoraux difficiles, je les connais. Je l'ai vécu en 2022 et ceux qui pensent avec un peu d'arrogance que les gens ont déjà fait leur choix alors qu'ils n'ont pas voté, pas mis un seul bulletin dans l'urne, ce sera le 30 juin", nuance l'ancien ministre qui reproche aussi à Emmanuel Grégoire de faire "le Guide du routard parisien".

"Le Parti socialiste a un ancrage fort historique"

Cette candidature, en tant que représentant du Nouveau Front populaire, peut être vu comme un moyen pour Emmanuel Grégoire de gagner en notoriété et de prendre son indépendance en défendant ses propres convictions auprès des Parisiens. "Maintenant, qu'il ne s'entend plus avec Anne Hidalgo, il cherche une échappatoire", résume Clément Beaune, son adversaire.

D’autant que selon les résultats des européennes, c’est le socialiste qui pourrait l’emporter. S’il cumule les scores de la gauche: il aurait 57,8% des voix.

"Le Parti socialiste a un ancrage fort historique. Patrick Bloche en a été député pendant très longtemps et j'en suis très proche. J'ai été son suppléant en 2017 sur cette circonscription et donc oui, ça nous paraissait plus logique que dans cet accord du Nouveau Front populaire", déclare Emmanuel Grégoire au micro de BFM Paris Île-de-France.

Projet contre projet

Côté programme, les deux candidats formulent plusieurs propositions. D'abord politique pour Clément Beaune qui veut un "mode de scrutin proportionnel pour les futures élections" et qu'il soit "plus démocratique". Mais aussi économique avec des propositions pour le pouvoir d'achat comme le leasing social pour les véhicules électriques "propres et abordables, pour les banlieusards, pour les Parisiens qui ont besoin des transports publics mais qui ont aussi besoin d'une voiture propre, abordable. J'essaie d'être à la fois concret et terre à terre", estime l'ex-ministre.

"Il y a quatre champs d'action prioritaires dans celle que je veux mener personnellement", assure, de son côté, Emmanuel Grégoire avec l'école publique, la santé, le logement et l'action en faveur des familles monoparentales.

"C'est un combat personnel depuis très longtemps. C'est en faveur des familles monoparentales, des femmes monoparentales. C'est une nouvelle réalité sociale qui a été mal pensée par notre pays, on doit beaucoup plus aider les familles monoparentales qui sont très souvent des femmes en garde exclusive d'enfants et qui se retrouvent dans une galère immense", poursuit ce dernier.

Parmi les neuf candidats de la circonscription, sont aussi alignés contre eux le porte parole du groupe Changer Paris Aurélien Véron pour les Républicains et Nouvelle Énergie ou Céline Tacher pour le Rassemblement national.

Nicolas Dumas et Alixan Lavorel avec AFP