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"La ville pleure": le maire de L'Île-Saint-Denis s'exprime après l'incendie qui a fait trois morts

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Mohamed Gnabaly s'émeut du drame qui a frappé sa commune samedi au matin. Il décrit la peur, la tristesse et la colère qui frappent ses administrés.

En ce dimanche matin, les émotions se bousculent dans la tête des quelque 8500 habitants de l'Île-Saint-Denis. Interrogée au micro de BFMTV, une habitante n'y va pas par quatre chemins pour décrire ce qu'elle ressent: "J'ai peur".

La veille, à 9h30, un drame s'est abattu sur cette commune de Seine-Saint-Denis, séparée de Villeneuve-la-Garenne et Saint-Denis par deux bras de la Seine.

Un violent incendie a causé la mort de trois personnes dans un immeuble de la cité Maurice-Thorez. Au moins 19 blessés en urgence relative ont également été décomptés.

"Sous le choc"

"On est sous le choc", reconnaît Mohamed Gnabaly, le maire de L'Île-Saint-Denis, tentant de décrire le maelström de sentiments qui traversent sa commune.

"À côté de cela, la ville pleure. On est refermés entre nous parce que les pertes qu'on a subies sont des personnes que nous connaissions bien, dont certaines sont très, très proches."

On sait encore peu de choses des personnes qui ont péri dans l'incendie. Seulement que l'une d'elles est une femme d'une quarantaine d'années. Son fils de 13 ans non plus n'a pas survécu, de même qu'une autre femme d'environ 25 ans.

Un début d'incendie déjà en 2021

"Je pense que ce qui est le plus frustrant actuellement est de ne pas savoir, ne pas savoir l'origine de l'incendie. Cette attente génère beaucoup de peur", comprend l'édile écologiste.

Il y a deux ans, un début d'incendie s'était déjà déclaré dans un bâtiment de la cité Maurice-Thorez. Pour certains habitants, le lien entre l'incendie et la vétusté des immeubles semble flagrant.

"On n'a pas du tout l'origine du feu et je pense qu'il ne faut pas forcément corréler la question de l'entretien du bâtiment et l'orgine du feu", temporise Mohamed Gnabaly. Une enquête a été diligentée. Son objectif: établir avec certitude les causes du départ de feu.

La vétusté des lieux source de colère

Qu'elle soit ou non à l'origine de l'incendie, la vétusté alimente "la colère" que décrivent les habitants. Cette dernière "existe depuis plusieurs mois, voire plusieurs années", insiste Mohamed Gnabaly.

L'habitat social concerne une écrasante majorité des Îlodionysiens. "C'est un sujet qu'on porte à l'Île-Saint-Denis depuis longtemps", plaide l'élu écologiste.

Il tente de rassurer la population à ce sujet: "La ville a réussi à obtenir de tous les bailleurs la rénovation de l'ensemble de leur patrimoine. On a commencé il y a une quinzaine d'années et à l'horizon 2026, l'ensemble du patrimoine social communal sera rénové ou en cours de rénovation".

Trouver des solutions de relogement

Des travaux supplémentaires d'ampleur seront nécessaires dans l'immeuble qui a pris feu samedi matin.

"Personne ne peut retourner dans ce bâtiment tant qu'on n'a pas l'origine du feu et qu'on n'est pas sûr que la sécurité est garantie pour tous. On sait déjà que les trois derniers niveaux de ce bâtiment ne sont plus du tout habitables et qu'il faut du relogement pérenne pour une partie des habitants."

Pour ces sinistrés, des hébergements d'urgence ont pu être identifiés dans la nuit de samedi à dimanche. Mohamed Gnabaly, lui, se projette déjà vers la suite: "Aujourd'hui, on doit travailler sur du moyen terme".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions